Une cité noyée sous la  brume, des macchabées livides tombés bouche ouverte. Le gueuleton de corbeaux se repaissant des corps… Bienvenue dans Tristram, ville désespément noir. De temps en temps ça et là traînent encore quelques résidents. Un guérisseur et un forgeron occupent la place centrale ornée d’une fontaine à l’eau sombre. Derrière un baraquement se cache un ivrogne aux mots incompréhensibles, la ville aurait été exterminée, il est question de damnation, de roi dément et d’un démon teriffiant. Des paroles de soûlard peut-on penser, mais tout une fois approchés les abords de l’église il faut se rendre à l’évidence : un mal funaiste plane sur la ville. Une personne à terre réclame de l’aide, dernier survivant d’une folle excursion lancée sur les traces du prince. L’homme meurt, en maudissant le boucher responsable de leur défaite.

Tout en ville respire la tristesse et la fin. L’ambiance de Tristram baigne dans un bleu glacé seulement rompu par le feu du forgeron. Oppressant, l’univers de Diablo l’est sans aucun doute, mais dans ce hameau, l’heure est à la mélancolie. Un morceau de guitare folk morne et désabusé donne le ton, le temps s’est arrêté, le coin a besoin d’un héros et finalement ça tombe pas mal car vous n’étiez pas venu pour faire un concours de broderie.

Votre aventure débute réellement vers l’église qui, ô surprise, est infestée de créatures pour le moins… Pas humaines. Une fois franchit le seuil on découvre Diablo comme étant un Dungeon Crawler, à savoir que l’unique objectif du jeu est de descendre un à un les 16 sous-sols de la cathédrale maudite pour s’expliquer une fois pour toute avec Diablo. Chose surprenante et au combien excitante, les donjons sont aléatoires. Les murs, les portes, les escaliers, les trésors, les monstres… Tout change de place à chaque nouvelle partie. Soyons clair : il s’agit toujours de descendre dans les profondeurs de la Terre, mais l’expérience du jeu sera nouvelle à chaque fois. Merci Blizzard, voilà une bien bonne idée qui garantit une durée de vie solo conséquente.

Allez savoir pourquoi, Diablo a été annoncé comme étant un RPG. Pour vous donner une idée de la chose, ce soft est a peu près autant un jeu de rôle que le solitaire Windows. Au choix le joueur incarnera un magicien, un guerrier ou un archer, mais le jeu est résolument orienté action. Très simple à prendre ne main, on clique sur un monstre et le personnage part l’attaquer. Il faut cliquer autant de fois que l’on désire taper autant dire, que puisque le jeu ne lésine pas sur les mêlées de masse, votre souris va souffrir. La stratégie des combats passe bien après le plaisir primaire de foncer dans le tas et d’éradiquer à tour de bras. On tape, on tape et le personnage gagne en niveau, ce qui est le seul point commun de Diablo avec un RPG.Loin des traditionnelles règles de Donjon & Dragon, toutes les classes de personnages pourront balancer une boule de feu à un monstre trop gesticulant à condition d’avoir suffisamment boostées ses compétences de magie. Oublions bien vite le mage en robe longue pour l’équiper d’une belle armure lourde qui le rendra toujours plus redoutable. Ne pas restreindre le joueur dans ses envies, voilà le génie de Blizzard.

On tue un monstre, on cherche un trésor, on change d’équipement et ainsi de suite. Seule la force des mobs intermédiaires empêche le joueur de descendre directement jusqu’au boss final, ce qui l’oblige à nettoyer plus ou moins intégralement chaque sous-sol pour le faire parvenir au niveau requis pour la suite de l’exploration. Exploration qui d’ailleurs ne dépaysera pas les rôlistes aguerris qui trouveront sans surprise des catacombes en 640x480 débordant de bête dans le genre squelettes, zombis, goules et d’autre bien plus originales avec de temps à autres un boss.

La quête du pouvoir

Le jeu est répétitif dans son gameplay, tout l’intérêt du soft est de faire monter son personnage en puissance. Il est difficile d’expliquer pourquoi, mais Blizzard a réalisé avec Diablo un titre diablement addictif. En guise d’argument, on peut toujours avancer que la progression du héros est rapide et que l’on en vient à se dire souvent : « plus qu’un niveau, un tout petit niveau et j’arrête ». Dans le monde cruel des dédales de Tristram pourtant, prendre un niveau signifie instantanément en désirer un de plus. Encore une fois, allez savoir pourquoi, c’est juste au moment où le joueur commence à penser qu’il perd son temps que tombe un objet unique et surpuissant. C’est aussi une des forces du jeu de Blizzard : les items tombent aléatoirement, ce qui veut dire que tuer un monstre à priori sans aucun intérêt peut, même dès le début du jeu, peut offrir au joueur l’un des meilleurs objets que l’on puisse rêver.

En fait Diablo est un jeu d’un genre nouveau au gameplay novateur. Loin de l’intrigue alambiquée des RPG classiques, tout est fait pour mettre le héros en avant. Non avons à faire au hack & slash originel qui se résume à une environnement envoûtant et un personnage prêt à tout dominer.

Battle.net est votre ami

  Le mode solo tout accrocheur qu’il soit n’est en réalité que la partie émergée de l’iceberg. Là où l’on exulte franchement en jouant à Diablo c’est en mode Multijoueur sur les serveurs dédiés de Blizzard : Battle.net. Quatre participants peuvent ainsi descendre main dans la main au fin fond de la tanière du démon. Le plaisir du travail d’équipe fait alors son apparition, qui ne prendra vraiment son envol vers le septième ciel que si un groupe équilibré voit le jour. Oublier autant que possible les expéditions à quatre archers si vous voulez garder une chance de survie, car le monde étant ainsi fait, plus de gentils signifie aussi plus de méchants. Rien ne vous empêche d’envoyer un de vos co-équipier manger les pissenlits par la racine, mais il va falloir que même les plus solitaires ravalent leur fierté : évoluer seul dans ce mode de jeu est pour ainsi dire impensable.

Conclusion

Créateur du hack & slash actuel, Diablo est un titre excellent tant par son ambiance que par son gameplay addictif.  Un jeu incontournable à sa sortie qui l'est encore aujourdh'ui!