La route fut parsemée d'embuches, vous avez réussi tests sur tests, motivés par la promesse du gâteau, et à de multiples reprises, la mort ne fut évitée que de justesse. Et finalement, GlaDOS est tombée, ses différents processeurs jetés dans le fourneau, et vous vous êtes retrouvés à l'extérieur. Du moins est-ce ce que vous aviez cru. Malheureusement pour vous, on ne sort pas si facilement du centre Aperture Science. Après un sommeil d'une centaine d'années, vous voilà de nouveau confrontés à l'architecture torturée et retorse du site. Parviendrez-vous à survivre à cette nouvelle batterie de tests et trouverez-vous enfin la sortie de cet enfer sous-terrain ?
Cette mission est trop importante pour moi pour vous laisser la compromettre
Ainsi vous réveillez-vous dans une cellule du centre Aperture Science, réveillés par un petit robot du nom de Weathley qui vous explique avec un accent anglais à couper au couteau et un débit de parole insoutenable que le centre est tombé en déliquescence depuis la mort de GlaDOS et qu'un module de routine est en train de faire le ménage et d'évacuer les déchets, déchets dont vous faites partie. La différence avec le premier volet saute immédiatement aux yeux. Là où Portal vous proposait un background immobile, froid et impersonnel, le centre de Portal 2 est vivant et totalement fou. Des pièces entières se déplacent le long de rail, des panneaux gisent sur le côté, vous révélant les entrailles infiniment vastes du centre, qui ne sont pas sans rappeler une nouvelle fois les scènes de Cube où l'on voit l'espace entre les salles. Le centre est mal en point, dégradé et malade, mais il ne l'est que pour satisfaire notre regard de joueur qui sommes gratifiés d'un univers beaucoup plus touffu et vivant. Si Portal était un tableau d'art abstrait, simple, épuré, et pourtant émouvant, Portal 2 est une symphonie, où chaque séquence de jeux fourmille de détails qui nous plongent dans cet univers si particulier et nous donnent envie de voir la suite. Malheureusement pour vous, une de vos premières actions sera de réactiver par maladresse GlaDOS. Et ce n'est pas une bonne nouvelle pour vous, d'autant que votre "meurtre" l'a plutôt bouleversée et qu'elle n'aura de cesse que de
vous rappeler que votre mort est inéluctable dans ce centre. Vous voilà de nouveau plongés dans une suite d'épreuves alors que GlaDOS et Weathley s'adressent à vous, vous invectivant, vous raillant, vous cajolant. Si nos nerfs étaient mis à rude épreuve par Portal, Portal 2 repousse cette limite et on ne peut que se délecter du travail d'écriture et du jeu très convaincant de ces deux personnages. Une troisième voix s'ajoutera à celles-ci lorsque vous plongerez dans les entrailles du centre, un voyage sous-terrain qui vous permettra de découvrir le centre originel des années 60. L'occasion pour Portal d'aller piocher du côté de Fallout ou de Bioshock, avec une ambiance de recherche scientifique folle et vintage qui ne pourra que plaire. Certes, comme la symphonie qu'il est, Portal 2 ménagera des passages plus contemplatifs, où les épreuves s'enchaineront tranquillement, sans trop d'interventions extérieures, avant de vous plonger dans des séquences d'adrénaline pure, comme lors des différentes séquences de fuites où vous avez l'impression que l'ensemble du centre est en mouvement pour vous tuer, où un certain esprit Mirror's Edge se fait sentir. Variant les séquences, les personnages et bénéficiant d'un travail d'écriture et d'une réalisation au poil, Portal 2 se présente comme une version plus grandiose et immersive de Portal. Vous n'êtes plus un sujet d'expérience mais un nuisible que GlaDOS tentera d'écraser pour retourner à sa passion: la recherche. GlaDOS se rapproche dès lors d'une forme plus virulente et sociopathe de HAL et mérite incontestablement sa place dans le classement des personnages de jeu vidéo les plus intéressants et mieux écrits.
Cela ne peut être imputé qu'à l'erreur humaine
Vous l'aurez compris, l'ambiance a changé. Qu'il est loin le temps où l'on parcourait des salles vides et mortes, ici le centre se reforme sous vos yeux, des sections explosent, des débris pleuvent, les effets spéciaux s'enchainent, vous traversez de véritables gouffres et la musique, si elle n'est pas omniprésente, se fait désormais plus remarquer, toujours aussi inquiétante et collant parfaitement à l'ambiance de technologie folle du soft. Mais qu'en est-il du gameplay? Parce qu'un jeu basé sur le Portal Gun, c'était déjà pas mal, mais pour le deuxième jeu, il était peut-être temps de dépoussiérer un peu cette mécanique de jeu. Et c'est ce que Valve a fait, et avec brio. Les tourelles sont toujours vos principaux ennemis et les énigmes consistent toujours à appuyer sur des boutons et poser des cubes sur des interrupteurs à l'aide des portails dimensionnels, mais plusieurs ajouts sont à noter. Tout d'abord, les ponts lumineux et autres tubes antigravités, générés à des endroits définis et que vous devez rediriger grâce à vos portails pour, par exemple, vous créer un pont vous permettant de traverser un gouffre ou attraper un cube lors de sa chute. Et ensuite, les fluides. De trois couleurs, ces fluides sortent de tuyaux prédéfinis et ont chacun leur spécificité. Le fluide bleu vous permet de rebondir, l'orange d'accélérer et le blanc de créer des portails sur des surfaces qui n'en accueillaient pas à la base. Seulement 5 items ajoutés me direz-vous? C'est que vous n'avez pas compris l'esprit de Valve. Ces nouvelles mécaniques sont introduites au cours de l'histoire, vous invitant à les manipuler et expérimenter dans un premier temps avant de les placer dans des énigmes tordues. Car si Portal se terminait rapidement et offrait des casse-têtes à la difficulté relativement limitée, Portal 2 est plus long et ses énigmes ne sont pas aussi simples à boucler. Prenant la plupart du temps place dans des salles gigantesques, ces énigmes feront appel à différentes mécaniques qu'il faudra combiner de manière intelligente. Il n'y a toujours qu'une seule solution à chaque épreuve mais il vous faudra plus de temps pour comprendre quel fluide utiliser à quel endroit et où placer les portails, sans qu'aucune aide ne vienne vous aider. On retrouve donc une difficulté digne de son nom et lorsqu'on termine une énigme, on est souvent fiers de soi et de son intelligence. Le level design est parfaitement pensé, à la fois pour le regard et pour le plaisir du joueur, qui a intérêt à faire tourner son cerveau s'il veut trouver la solution. Car autant vous le dire tout de suite, certaines énigmes sont particulièrement retorses et vous feront rager pendant plusieurs dizaines de minutes, à chercher comment faire pour atteindre cette maudite plate-forme sans zone capable d'accueillir un portail à proximité. A noter la possibilité de jouer en coopération au jeu, via une campagne spécialement prévue à cet effet. L'occasion de réfléchir à deux et de s'attaquer à des énigmes d'autant plus complexes où l'utilisation de 4 portails sera nécessaire. Vous avez intérêt à vous choisir un camarade plutôt alerte intellectuellement si vous ne voulez pas vous retrouver bloqués aux premières énigmes du jeu. Cette campagne bénéficie de sa propre ambiance et c'est l'occasion de découvrir une GlaDOS presque maternelle bien que toujours aussi acerbe et sadique, qui ne manquera pas de multiplier les blagues sur vos facultés limitées et l'imbécilité de l'espèce humaine.
Règle n°1: Un robot se doit de blesser ou de tuer tout humain
Une douzaine d'heures, c'est le temps qu'il vous faudra pour terminer ce jeu. Quatre fois plus long que son prédécesseur, il est également vingt fois plus riches. Que cela soit dans le gameplay ou dans l'ambiance, tout a été pensé pour participer à cette expérience unique. La folie et le cynisme malsain transparaissent toujours du titre, teintés d'une touche d'humour tantôt absurde tantôt franchement noir, servis par des dialogues d'une rare qualité. Je vous conseille par là même la version originale, d'une qualité nettement supérieure à la version française, bien que celle-ci ne s'en tire pas si mal que ça. Les salles ont gagné en superficie et en niveau de détail, allant même jusqu'à apporter quelques touches de végétations à ces caveaux expérimentaux. Vous aurez la possibilité de visiter l'envers du décor, au-delà des salles de test, tout comme on avait pu le faire dans le premier volet lors de la fuite finale. Cette sensation de sortir des sentiers battus, alors même qu'on ne fait que suivre le fil de l'aventure, toujours aussi dirigiste, est prenante et porte la sensation d'oppression sur un autre plan puisque l'on se sentira rapidement écrasé par l'immensité de ces espaces vides où circulent des pans entiers de parcours initiatiques et des tubes en tous genres. La rejouabilité est toujours aussi limitée de par la linéarité du soft mais cela n'est nullement un frein à notre enthousiasme.
Si j'ai pu parler d’œuvre d'art pour Portal, je ne peux me résoudre à me retenir d'employer le même terme ici. La simplicité a laissé la place à un florilège mais le résultat est toujours le même, Portal 2 est magnifique. Ses graphismes sont dans la norme des productions actuelles et ne concurrenceront certes pas ceux d'un Battlefield 3 par exemple mais ils servent parfaitement l’œuvre et apportent un cachet assez particulier que je ne saurais définir mais qui donne à l'ensemble une qualité esthétique certaine. Un régal pour les yeux. Mais également un régal pour l'esprit de par ses énigmes suffisamment retorses pour être stimulantes mais suffisamment accessibles pour ne pas être un obstacle dressé entre le joueur et le jeu. Portal 2 nous ouvre les bras, ne lui tournons pas le dos !
Commentaires (8)
18:15
20:59
23:51
17:13
19:58
00:07
Sinon pour rester dans le sujet, Portal 2 est un MUST HAVE les gens, une tuerie ce jeu!
Je suis assez d'accord avec les notes que tu as laissé, sauf pour la durée de vie compte tenu du jeu coop, et du fait qu'on peut le faire et refaire sans se lasser 8D
De plus c'est assez dur de la juger puisqu'elle sera largement fonction des joueurs qui pourraient buter sur certaine énigmes.
Bon test dans l'ensemble 8D
17:28
Merci pour ton commentaire qui me conforte dans l'idée que Portal 2 est un jeu magnifique (j'aimerais dire parfait mais ça serait nier la possibilité de faire mieux plus tard, donc je laisse cette porte ouverte)
18:09