Company of Heroes premier du nom, acclamé par la critique, est devenu presque une référence du jeu de stratégie. On y incarnait un commandant allié en vue du dessus, donnant des ordres aux différentes sections de soldats lors du « D-Day »(le Débarquement en Normandie). Développé par Relic Entertainment et édité par THQ puis SEGA, Company of Heroes 2 était attendu au tournant, d’autant plus que l’éditeur THQ avait fait faillite en plein développement. Cette fois ci, Relic nous emmène dans la Mère Patrie, lors de l’opération Barbarossa. Alors, est-ce qu’envoyer des soldats au hachoir est-il toujours aussi sympa tout en étant historiquement réaliste ? Réponse dans ce test.
L’hiver vient
Dans Company of Heroes 2, on peut jouer deux factions au gameplay bien différent : les Soviétiques et les Allemands. Les soldats soviétiques étaient pour la plupart des recrues enrôlées et très mal équipées, mais assez nombreuses (une section de recrues fait 6 hommes). On commence la partie multi avec un QG et une section de soldats du génie, on peut de suite créer des recrues très faibles mais polyvalentes (de la chair à canon pour faire court). Les ingénieurs peuvent ensuite construire des bâtiments permettant de créer des unités plus fortes et spécialisées : troupes de choc (courte portée), snipers, mitrailleuse lourde, mortier, véhicule de reconnaissance aggressive, etc… Le choix ne manque pas et permet de créer de véritables plans de bataille avec anticipation des mouvements de l’ennemi et tout ce qui va avec.
Pour ce qui est des Allemands, leurs soldats sont plus forts mais moins nombreux (4 hommes par section), avec de meilleurs véhicules et capacités antichar. Le principe des bâtiments reste le même, si ce n’est qu’il faut payer des « phases de bataille » pour déverrouiller ces bâtiments. Tout est plus cher donc.
En parlant de cher, il existe trois ressources dans ce jeu : points de population, munitions et carburant. Les points de population sont produits à un rythme constant et permet de créer des unités (les véhicules aussi). Le carburant sert aux véhicules, et le munitions à l’infanterie et à utiliser des compétences spéciales (grenades, balles perforantes, aveugler le véhicule en visant le pare-brise…).
Sinon, pour parler de la bataille à proprement parler, chaque équipe commence avec 500 points. La carte est parsemée de points de capture qui génèrent des munitions et du carburant, et 3 points de victoire. Si vous prenez et tenez plus de points de victoire que l’ennemi, son nombre de points baisse. L’équipe qui arrive à 0 points perd la partie. Bien entendu, il existe un mode solo sous forme d’une campagne (on joue les soviétiques), mais aussi le mode Théâtre de guerre, détaillé plus bas.
Mais bon, ça c’est du basique, la vraie nouveauté de Company of Heroes 2 c’est… le froid. Un jour sur Internet, Dark Vador a dit à Hitler « Didn’t Napoleon let you know ? When you conquer Russia better pack some f***ing winter clothes ». Si vous dormiez en cours d’histoire, l’hiver russe de 1940 fut le pire du siècle. Le carburant gelait dans les moteurs et les soldats devaient allumer des feux sous les chars pour les démarrer. Ceci est retranscrit parfaitement dans Company of Heroes 2. Dans les cartes de type « hiver », les unités sont affectées par le froid et ont souvent besoin de se réchauffer soit près d’un feu soit en rentrant dans un bâtiment (qui, au passage, les protège des tirs). Chaque 5 minutes, le blizzard passe, et le froid mordant terrasse vos unités non protégées (à noter que les snipers soviétiques ne sont pas affectés par le froid). Ces phases de blizzard laissent une période de répit pour apporter des renforts via les camions de transport, ou créer une attaque surprise.
Les rivières sont aussi gelées, rendant les ingénieurs équipés d’un lance flammes très dangereuses pour les tanks, qui peuvent très facilement couler ou briser la glace. De plus, ils sont complètement impossibles à manier (la glace ça glisse, et oui).
La glace, votre meilleur ami et votre pire ennemi.
Des graphismes soignés et un son au poil
Niveau graphismes, Relic a fait un super boulot. La neige est super bien réalisée, les soldats sont très réalistes, on s’y croirait. Ajoutez-y des maps savamment étudiées et les connaisseurs seront aux anges. L’ambiance, quant à elle, est assez sombre, elle plonge le joueur dans la dictature stalinienne et le force implicitement à devenir détaché par rapport à ses soldats, ce qui est cohérent historiquement. En effet, la tactique russe reposait sur l’avantage numérique, résultat : la moitié des soldats morts pendant la guerre étaient soviétiques. Les soldats sont également très bien animés, et les textures sont de qualité.
D’un point de vue musique et sons, on tape très haut. La musique met de suite dans l’ambiance et est hyper bien faite, les bruits sont réalistes et les dialogues sont réussis, et bizarrement assez drôles parfois (« Soit ils ont des couilles, soit ils sont cons! Panzer lourd attaqué par infanterie ennemie! »). Lors des phases de « repos » des soldats (ils ne se battent pas, ou sont à couvert dans le blizzard), on les entend discuter, notamment leur ancienne vie. Les plus sensibles ressentiront une certaine empathie envers ces soldats, et c’est assez inhabituel (pour ne pas dire jamais vu) dans un jeu de stratégie militaire.
De superbes graphismes.
Le mode Théâtre de guerre, jouissif
Le mode Théâtre de guerre est tout simplement un groupe de missions complémentaires, séparée en DLC : opération Barbarossa (début de la guerre), Plan Bleu (Invasion allemande, gratuit pour l’édition collector), Victoire à Stalingrad (pas besoin de description), et Vers les fronts du Sud (le plus récent, on oublie la neige et on dit bonjour à la boue).
Ces missions sont très variées. Il y a des défis solo, des batailles IA et des défis coop. Rien à voir avec des batailles multi standard, là il y a des conditions spéciales, du contenu original, etc. Par exemple, il existe une mission où on contrôle un tank lourd allemand et on doit nettoyer plusieurs zones sans se faire détruire. Certains ne voient pas trop d’intérêt à ce mode de jeu, mais cela apporte du neuf dans le jeu, et permet de briser la routine, en quelque sorte.
Le Plan Bleu, ou l'invasion de la Frontière Sud.
Quelques défauts et points annexes
Malheureusement, rien n’est parfait. Malgré toutes ses qualités, Company of Heroes 2 possède quelques défauts. En premier lieu, le zoom est plutôt mal fait, on ne peut pas dézoomer assez. A cause de cela, on n’est pas facilement au courant de tout ce qui se passe sur le champ de bataille et les moins habitués oublieront certainement une ou deux sections en cours de route, erreur parfois fatale.
Reste aussi l’équilibrage. Chez les allemands il est très facile de créer des véhicules anti-infanterie efficaces en début de partie, mais ce n’est pas le cas des soviétiques. Du coup, les joueurs utilisant les soviétiques sont assez pénalisés, d’autant plus que les Allemands sont considérés comme « cheatés », surtout pour les débutants.
Notons aussi une IA qui manque un peu de variété et on finit par déserter les parties solo et on passe beaucoup de temps en multi, à éprouver ses tactiques. Mais bon, la communauté est bonne, surtout composée de joueurs expérimentés.
Enfin, Relic a créé un World Builder très puissant, assez facile d’utilisation. Cet outil est idéal pour les map-makers en herbe, alors si l’idée vous tente foncez. De plus, l’intégration avec le Steam Workshop étant effective, vous pouvez très facilement les poster et avoir du feedback.
L'IA est malheureusement trop prévisible.
Mr.Sleepy
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