Annoncé en mai 2013, il aura fallu attendre le 5 avril 2016 pour enfin poser les mains sur Quantum Break, la dernière production du studio Remedy. Initialement exclusivité Xbox One, finalement sorti en même temps sur PC via le Windows Store, le titre s’accompagne d’une série intégrée à l’histoire du jeu, et le résultat constitue un atout majeur pour Microsoft en cette année 2016. Après d’innombrables reports, il est temps de déterminer si Quantum Break est à la hauteur de son ambition !
Comme l’explique si bien l’antagoniste Paul Serene au début du jeu, le temps est la source de nombres de fantasmes de notre ère. Ainsi, s’imaginer le maîtriser est devenu chose commune, et le titre de Remedy surfe habilement sur ce thème et les mécaniques qui lui sont propres : boucles temporelles, chaîne de causalité, tout est ici parfaitement maîtrisé. On incarne donc Jack Joyce, un homme vadrouillant à droite à gauche, qui retournera dans sa ville natale de Riverport suite à l’appel de Paul Serene, un ami de longue date. Celui-ci a besoin d’un coup de main pour prouver que sa dernière invention fonctionne… une expérience qui ne va se dérouler exactement comme prévu, puisque le cours du temps va s’en retrouver fracturé.
C’est suite à cette brève introduction que notre héros, ayant été exposé aux particules de chronons, va se découvrir des pouvoirs liés au temps, pouvoirs qui deviendront de plus en plus puissants tout au long de l’aventure. Vous aurez dès lors pour ambition de réparer le cours du temps, devant alors faire face à Monarch Solutions, une entreprise spécialisée dans la recherche temporelle qui semble s’apprêter à la fin définitive du temps.
Paul Serene est un orateur hors pair.
Sans être absolument incroyable, le scénario brille par sa réalisation et sa mise en scène. Le jeu se découpe en cinq actes, chacun se terminant par un point de jonction et un épisode de la série. Le point de jonction est un passage nous faisant incarner Paul Serene, le principal antagoniste, face à un choix crucial. Ce choix déterminera la progression de l’histoire, modifiant quelques éléments du scénario ainsi que de la série. Après ce point de jonction, on assiste à l’épisode de la série, qui met en scène la situation vu de l’intérieur de Monarch Solutions.
De l’intérêt du cross-media
Ce point de vue fait toute l’alchimie du titre. Ainsi, alors que l’on pourrait s’attendre à un héros faisant face à la grosse société privée des méchants, on voit se développer l’intrigue sous plusieurs points de vue différents, avec des protagonistes qui ont chacun leurs raisons d’agir et d’évoluer. Certains personnages ne sont d’ailleurs abordés que dans la série, qui vient approfondir le background du jeu, en plus des nombreux collectibles disséminés çà et là dans les différents environnements. Un véritable effort de cohésion et de profondeur a été fait à ce niveau-là, et profiter de chacun de ces éléments est un véritable bonheur. On appréciera notamment le « guide du voyage dans le temps pour les nuls », venant poser les bases du principe de voyage dans le temps, règles qui sont généralement assez floues dans ce genre d’intrigues.
De plus, la plupart des protagonistes disposent de leur acteur, tant dans le jeu via motion-capture que dans la série. Ainsi, Jack Joyce est à l’image de Shawn Ashmore (Iceberg dans X-Men), Paul Serene est à l’image d’Aiden Gillen (Littlefinger dans Game of Thrones), et nous citerons aussi Dominic Monaghan (Merry dans Le Seigneur des Anneaux) et Lance Reddick (Cedric Daniels dans The Wire). Le rendu ingame est très convaincant, et leur jeu d’acteur se prête parfaitement à l’exercice dans la série, donnant des personnages principaux tous plutôt charismatiques pour un rendu global à l’allure de blockbuster américain.
Aiden Gillen, incarnant Paul Serene lors d'une interruption du temps.
A noter toutefois que malgré les quelques changements s’opérant dans le jeu et la série en fonction des choix effectués dans les points de jonction, le tout ne change qu’à court terme et converge vers une même fin, pour un final assez ouvert annonciateur soit d’une suite, soit d’un ou plusieurs DLCs. Fin qui ne sera pas la plus simple à saisir si vous passez à côté de certains collectibles explicatifs ! Ce qui est un peu dommage, compte tenu du fait que profiter de ces collectibles marquera inévitablement des pauses de quelques minutes dans le gameplay, alors que cela aurait gagné à être intégré directement à l’histoire via les dialogues entre les personnages.
Un TPS mollement explosif
Si côté scénario et mise en scène, Quantum Break met le paquet, son gameplay est plus nuancé. En effet, Jack Joyce est un héros qui a tendance à traîner un peu de la patte. Armé d’un pistolet, un SMG et un fusil lourd, votre personnage devra remporter de nombreux gunfights assez nerveux, mais aussi compléter quelques phases de plate-forme d’une façon parfois bien maladroite. Ainsi, il ne sera pas rare de devoir contourner un obstacle de quelques centimètres, ou de devoir escalader un élément pour se laisser retomber derrière. L’intention est simple : le soft veut que vous soyez en mouvement constant, parce que c’est ce qui permettra une utilisation optimale de vos pouvoirs.
Lancer une bulle d’arrêt temporel, se protéger grâce à un bouclier temporel ou utiliser une esquive temporelle, voilà les différents pouvoirs qui seront à votre disposition pour anéantir tout un tas d’ennemis qui ne faisaient qu’obéir aux ordres de leur patron. Une vision temporelle vient vous permettre de détecter les éléments importants aux alentours, à l’instar d’une vision d’aigle dans un Assassin’s Creed. Vous pourrez améliorer ces pouvoirs de combat sur 3 niveaux chacun, pour les rendre plus fort ou pour pouvoir les utiliser plus de fois avant de devoir laisser reposer, le tout en échange de chronons à collecter tout au long du jeu.
Améliorer vos pouvoirs permettra d’intensifier les gunfight.
Manier les différents pouvoirs en les combinant et en expérimentant vous permettra de très vite réaliser des combos assez efficaces et très classes visuellement parlant, et il s’en dégage une véritable complémentarité. L’ensemble permet des combats nerveux, dynamiques, funs et très classes, ce qui n’est pas de trop au vu des nombreux gunfight et des diverses configurations des ennemis lors de ces rencontres.
Les gunfights en pleine interruption sont très classes visuellement.
Une direction artistique qui en impose
La direction artistique est sans doute l’élément le plus réussi de Quantum Break. Le monde semble se moduler et se fissurer lorsque vous utilisez vos pouvoirs ou lorsque vous faites face à une interruption du temps. Les animations faciales font parties des meilleures vues jusque-là, que ce soit dans les cutscenes ou dans les dialogues ingame. Les effets de lumière sont particulièrement réussis, ainsi que les effets de fracture du temps, qui deviennent de plus en plus frénétiques. De plus, lorsque notre personnage évolue alors que le temps est en pleine interruption, les ennemis que l’on affronte qui sont capables de se mouvoir pendant les interruptions se figent instantanément dans l’air dès qu’ils meurent, donnant un rendu très propre et visuellement bluffant. Seul un brin de clipping par-ci par-là vient ternir le tableau, ce qui est dommage considérant les temps de chargements pas toujours très rapides entre les différents chapitres.
La scène du bateau qui a fait la campagne marketing du jeu est époustouflante.
La musique vient apporter un gros plus au titre, Quantum Break profitant d’ailleurs d’une option permettant de désactiver les musiques copyrightées pour les streamers. Les doublages d’acteurs viennent donner vie aux personnages, et on appréciera les effets de voix sous forme d’écho concernant les personnages qui étaient en train de parler lors des interruptions, venant augmenter ce sentiment de fracture et de fatalité.
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