Je ne veux pas mourir, je suis juste réaliste. Vous pensez qu'ils se prendraient la peine de construire tout ce truc si on pouvait en sortir ?
Pourquoi ma première citation provient-elle du film Cube? Et bien parce qu'il faut avouer qu'on y retrouve une ambiance assez similaire. Un bâtiment inconnu, gigantesque et oppressant, des énigmes retorses qui menacent à chaque instant de vous priver de votre précieuse existence, une menace impersonnelle et omniprésente. La seule différence, c'est que dans Portal, vous êtes seule. Pour vous accompagner dans votre parcours initiatique, il n'y a que la voix tantôt suave, tantôt agressive, mais toujours 100% inquiétante de GlaDOS. Vous progressez dans une succession de tableaux sans qu'un véritable scénario ne semble se présenter à vous, et pourtant impossible de décrocher. L'ambiance du titre est oppressante à souhait, sans pour autant jouer dans le grandiloquent et la surenchère. L'atmosphère est minimaliste, et c'est bien ça qui vous inquiète, car les seuls éléments de background qu'on vous donne la possibilité d'expérimenter ne font que vous rejeter dans une inquiétude croissante. Et pourtant que faites-vous? Vous ne faites guère que résoudre des énigmes. Bien sûr, ces énigmes sont mortelles, mais il n'y a pas de monstres ou même d'ennemis à proprement parler, exception faite des tourelles qui, signe de perversion malsaine encore plus oppressante, s'adresseront à vous avec des voix synthétiques enfantines, prononçant des phrases telles que "bonjour, il y a quelqu'un? Pourquoi? Je ne vous en veux pas". Un simple élément de sonorisation qui change totalement le regard que vous portez sur ce monde froid et clinique. La musique est minimaliste mais les sonorités électro bruitistes ne seront d'aucun secours pour votre psychisme et lorsque vous essayerez de trouver le repos dans une salle de test d'apparence plus simple, ce n'est que pour tomber dans le piège d'une GlaDOS manipulatrice qui en profitera pour vous glisser une remarque au choix blessante, menaçante ou tellement hors de propos que l'inquiétude n'en est que plus grande. Certaines phases rappelleront aux joueurs de Metal Gear Solid 2 cet instant où le jeu semble avoir perdu la raison et où les dialogues n'ont plus aucun sens. Rares sont les jeux qui vous imprègnent autant de leur ambiance, et plus rares encore sont ceux qui le font tout en ne vous proposant qu'une simple résolution d'énigmes. Portal est malsain. Portal joue avec votre cerveau. Et cette déstabilisation mentale n'a pour but que de vous faire perdre tous vos moyens pour les résolutions d'énigmes.
Qu'est-ce qu'il y a dehors? -La stupidité sans limite des hommes
Car finalement, lorsqu'on le dépouille de tout cet enrobage, Portal ne se révèle guère plus qu'un puzzle-game. Vous mettez rapidement la main sur un projecteur de portail, le portal gun. Il vous permettra d'ouvrir un portail bleu et un portail orange à distance sur les surfaces prévues à cet effet. Lorsque vous rentrez dans un portail, vous ressortez par l'autre. Le gameplay se résume à ça, et un esprit limité aurait tôt fait d'enterrer le jeu comme simpliste puisque ne reposant que sur un seul gimmick de gameplay. Mais force est de constater que les développeurs de Valve ont une nouvelle fois fait fort en poussant cette seule mécanique, de prime abord simple, dans des développements insoupçonnés. Ainsi, la vitesse et l'accélération de votre personnage se conservent lors de votre traversée d'un portail, si bien que vous aurez tôt fait de comprendre qu'en utilisant la gravité pour vous accélérer en chute libre, vous pourrez jaillir de l'autre portail à une vitesse hallucinante, vous permettant de traverser un gouffre gigantesque. Au fur et à mesure que l'aventure se développe, ce sont ainsi divers utilisations différentes du Portal Gun que vous devrez appréhender, avec un minimum d'informations délivrées par le jeu, si bien que le plaisir de la recherche et de la réflexion demeure entier et ne sera jamais entamé par une quelconque aide plus casual. Si vous ne pouvez résoudre l'énigme, vous n'avancez pas, et c'est ainsi que cela devrait toujours être. Parfois même, GlaDOS vous donnera de fausses indications, allant même jusqu'à vous dire que la salle est buggée et ne peux être résolue, pervertissant l'aide au joueur pour le torturer un petit peu plus. Et force est de constater que si les premières énigmes se traversent facilement, plus de dextérité sera attendue par la suite, lorsque vous devrez ouvrir un nouveau portail en plein saut, jouer avec les tourelles ou utiliser les cubes pour actionner les interrupteurs. Un cerveau un tant soit peu bien formé arrivera sans trop de mal à finir le jeu mais il en tirera néanmoins la satisfaction de l'accomplissement intellectuel. Alors certes, le gameplay est simple, mais il est utilisé et intégré dans le jeu de manière tellement virtuose que l'on a l'impression que toutes nos actions sont naturelles et que le gameplay s'efface pour céder sa place à l'harmonie avec ce monde virtuel pourtant si étranger.
Bien que la mutation ait altéré ta conscience, tu restes irrévocablement humain. Par conséquent, toutes mes réponses ne te seront pas accessibles.
J'ai pour habitude lorsque je teste un jeu de considérer gameplay et ambiance séparément. Mais ici, les deux se marient de manière tellement fusionnelle que je ne peux me résigner à les séparer plus longtemps. Le gameplay épuré va de paire avec l'ambiance épurée, et si la simple mécanique du Portal Gun ouvre des horizons de puzzle-game plus profonds qu'on pourrait le penser avec un regard extérieur, l'ambiance se contente de ses quelques rares éléments de background pour créer une tension palpable et vous habiter véritablement. On voit encore ici planer l'ombre de Cube qui à l'aide d'une simple succession de chambres vides, nous donnait l'impression d'un monde foncièrement malsain. Lorsque vous lancez Portal, vous ne vous arrêterez pas avant d'avoir fini ses 3 heures de jeu. 3 heures? Et oui malheureusement c'est le peu de temps que l'on nous autorise à passer dans cet univers impersonnel et pourtant si vivant. Un défaut certes, mais largement compensé par son faible coût puisque vous pourrez le trouver aux alentours de 10 ou 15 euros en ligne et qu'il fut un moment gratuit sur Steam pour PC (je ne sais pas si c'est toujours le cas). A ce prix, il ne faut pas hésiter un instant, il n'y a nulle raison de rester sur le pas de la porte. Allez, entrez, venez parcourir ce monde malsain, hanté par la voix si captivante de l'administratrice artificielle névrosée.
Deus ex machina
Valve s'y entend pour créer un véritable mythe autour d'un jeu. Reprenant certaines recettes qui avaient très bien réussies à Half-Life (environnement sous-terrain scientifique, background oppressant) auquel il fera quelques références (comme la chanson de fin qui évoque Black Mesa) et le mélangeant avec des éléments de SF très dérangeante, comme Cube, 2001 ou même Matrix (pour les conversations et thèmes abordés, pas pour les fusillades au bullet-time), et en introduisant une unique mécanique de gameplay originale qu'ils retourneront sous tous les angles, ils créent ici un chef-d’œuvre qui ne paie pas de mine mais saura rivaliser avec les plus gros block-busters du moment
Commentaires (6)
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12:50
Daemon si tu vois ce post rajoute les + et - en réponse s'il te plaît
23:10
Je viens de faire le jeu, c'est sympa et je trouve les notes justes
23:27
les +
-une ambiance maîtrisée à la perfection
-un gameplay simple et complexe à la fois
-une des meilleurs expériences de 2007
les -
-La durée de vie
Je suis rentré de vacances juste à temps, je vais remplir les + et les - sur mes tests
Tant que j'y suis voici la version corrigé du paragraphe "durée de vie"
Je ne m'attarderais pas longuement sur ce point. Certes, le jeu se boucle en 3 heures et n'offre pas une rejouabilité énorme de
[b]parJ'y avais laissé une horrible faute d'orthographe, ici en gras
merci pour votre travail les gars
08:47