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Max Payne 3

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Il y a des jours comme ça où la vie ne nous sourit pas, où il ne nous arrive que des tuilles et où on se dit qu'on aurait mieux fait de rester au lit. Pour Max Payne,la journée pourrie a commencé plus de dix ans auparavant et depuis il encaisse les coups. Plus épave qu'humain, complètement assomé par l'alcool et les analgésiquesqu'il gobe comme des smarties, le flic le plus dépressif de l'histoire du jeu vidéo revient pour une troisième aventure qu'on attendait avec appréhension. Rangez lesimpers, sortez les Ray Ban, aujourd'hui on part pour le Brésil.
 

 


Vous reprendrez bien une bouteille monsieur Payne?
 

 

Il est bien loin ce jour sombre où Max rentrait chez lui pour retrouver sa femme et sa fille assassinés sauvagement. Et malgré tout, le pauvre homme n'est toujours pas parvenu à faire son deuil. Sorti il y a 10 ans déjà sur PC et consoles par les fous furieux de Remedy (qui nous gratifiaient il y a peu du très bon Alan Wake), le premier opus de la série avait fait sensation auprès du public et des critiques, jusqu'à en faire un jeu culte. Il faut dire que le premier volet introduisait pour la première fois des gun-fight au ralenti (le célèbre bullet-time qu'on retrouve aujourd'hui partout, jusqu'aux jeux de tennis de table) directement inspirées des films de John Woo. L'histoire était racontée sous la forme d'un roman graphique, qui tranchait nettement avec la nervosité des séquences de gameplay. Et enfin l'univers profondément noir et morose avait contribué à propulser ce bijou sur le devant de la scène. Succéder à un mythe n'est jamais chose aisée et le deuxième volet fit les frais de cet adage en ne recontrant qu'un timide succés. Mais le passé c'est le passé. Faisons table rase de toutes les idées préconçues qu'on pourrait avoir sur le jeu et jugeons-le pour ce qu'il est. D'autant que ce troisième volet fait peau neuve. En effet, Remedy s'est totalement retiré du développement du jeu pour le laisser à part entière à Rockstar, et force est de constater que la patte du géant américain se ressent (ce qui n'est pas pour nous déplaire). Si vous vous attendez à une bonne ambiance, soleil oblige, vous serez déçus. L'univers est encore plus sombre et morose, et les tabous sont repoussés. On pourra ainsi voir des prostitués en plein travail juste avant que le bordel ne soit envahi d'ennemis, une crudité cynique qui tranche nettement avec ce qui se voit en général dans le reste de l'industrie où le sexe n'a pas pour habitude de se montrer. Il faut le comprendre dès le début, Max Payne s'adresse à un public mature. Et ce n'est certainement pas pour nous déplaire. Dès l'introduction on comprend que le message sera désabusé et sans tabou. Max se retrouve garde du corps d'un richissime magnat qui étend son emprise sur Rio, nageant en plein dans la corruption et dans les deals à la frontière de la légalité. Notre ancien flic exprimme d'entrée de jeu son mépris pour le milieu dans lequel il se trouve forcé d'évoluer dans une diatribe au vitriol, mais déprimé comme il est, il s'accomode de cette situation à coup de verre de whiskey et de petites pillules. Lorsque des terroristes débarquent pour prendre ses employeurs en otage, c'est limite s'il ne témoigne pas plus de sympathie à leur égard qu'envers ceux qu'il est payé pour protéger. On le comprend aussitôt, ici il ne sera pas question d'être un chevalier blanc luttant contre les forces du mal. Dans Max Payne, tout le monde est pourri et c'est notre devoir de... se faire assez d'argent pour financer la prochaine cuite.

 

Après une neutralisation au corps à corps vous êtes invité à réaliser un finish move du plus bel effet. Une balle  dans la tête à bout portant ça fait pas mal de sang mine de rien

 


Un peu de Scorsese dans votre jeu d'action?

 


Nombreux sont les critiques qui ont reproché à Max Payne 3 de n'être qu'un film interactif et d'avoir totalement délaissé le gameplay. Il est certain que les cinématiques sont légions, et peut-être parfois un peu trop nombreuses et trop longues, jusqu'à dépasser le niveau de Metal Gear Solid 2 (qui affichait déjà presque 50% de temps de jeu passé sans toucher un seul bouton). Joueur alergique aux jeux lents et à scénario, fan de Call of Duty et autre jeu ultra bourrin, passe ton chemin. Il faudra bien attendre un quart d'heure pour lancer la première gunfight. Mais à mon humble avis, le jeu en vaut la chandelle. Certes les cinématiques sont longues mais elles nous plongent dans ce climat si glauque et malsain qui fait la moelle épinière du jeu. Rendre compte du mal-être de Max au milieu d'une gunfight est tout bonnement impossible et alors il faut savoir savourer ces longues plages scénaristiques, qui cassent il faut bien le dire le rythme du jeu mais qui lui apportent quelque chose de plus, son âme. Film interactif? Peut-être? Mais la mise en scène et la narration sont à la hauteur. Que ce soit en jeu ou en cinématique, Max exprimme ses pensées en voix off et elles sont souvent propices à des dénonciations, des critiques de l'humanité, à des piques cyniques et déprimmées. Pour renforcer les plus acerbes, des titres blancs ou noirs apparraissent sur l'écran sous forme de flash (qui ne sont pas sans rappeler les images subluminales de Fight Club), un parti pris assez particulier mais finalement bien trouvé. Les bords de l'écran sont déformés et un filtre aux lumières éblouissantes brouillent le tout, mise en scène de l'état d'ébriété de notre anti-héros et si elles peuvent paraitre agressives et insupportables au début, on s'y habitue rapidement et elles ne participent en réalité que plus à l'immersion du joueur. Côté réalisation par contre ce n'est pas forcément très reluisant. Les graphismes sont datés, les animations un peu brusques et le jeu est sujet à des crises d'aliasing sur les traits des personnages. Le jeu reste tout à fait correct mais loin des ténors du moment. Le voice acting en revanche est tout à fait convaincant et donne plus de vraissemblance encore au scénario. L'ambiance, c'est ce qui fait de ce jeu un bon titre. Les musiques en revanche passeront relativement inaperçues. Pas mauvaises, elles ne sont pas non plus transcendantes et surtout le mixage ne les met pas en valeur. Sur le plan du scénario, on reste sur du très classique, et on retrouvera beaucoup de clichés des films noirs américains. Même au Brésil, Max Payne reste empreint de l'univers du polar américain le plus sombre et il ne sera pas rare de voir des personnages chers à Max Payne mourir dans d'atroces souffrances juste sous ses yeux ou pire, le trahir. Le seul reproche qu'on pourrait faire au scénario, qui tient à part ça son rôle, serait de verser un peu trop dans le pathos, en nous offrant un Max Payne vraiment misérable et au bout du rouleau. Parfois, il lui arrive vraiment trop de merdes et on en vient presque à trouver ça artificiel. Les personnages en revanche ont une personnalité très réussie, que ce soit le flambeur riche et demeuré ou le dernier flic honnête, complètement désabusé, jusqu'aux politiciens véreux, tous respirent la crédibilité et participent à cette ambiance si particulière.

 


 

Le jeu est poncté de séquences flashback (oui il y a des gunfight dedans) nous replongeant dans le climat si froid de New York pour expliquer comment Max en est venu à travailler à Rio. Pleines de renseignements et rendant hommage aux précédents volets, ces passages titilleront votre nostalgie et sont de très bonne facture (comme le reste du jeu d'ailleurs)


Dans la vie il y a ceux qui ont un flingue et ceux qui creusent. Toi, tu creuses

 


Oui je te vois derrière ton écran, le pad à la main. Toi tu t'en fous complètement de l'ambiance, toi tu veux jouer. Ne t'en fais pas, Max Payne 3 n'est pas réalisé par David Cage et tu auras le droit de jouer quand même. Même plus que beaucoup de journalistes spécialisés voudraient te le faire croire. Bien sûr les cinématiques prennent un temps fou mais à la clé, il y a cette avalanche d'action. Mettez-vous tout de suite en niveau de difficulté maximale et crachez sur ceux qui vous disent qu'on peut finir Max Payne 3 avec un doigt. La moindre balle dans la tête et c'est un analgésique qui y passe. Et quand on sait à quel point ces médicaments se trouvent en nombre limité, et combien le rapport de force est à votre désavantage, il est aisé de faire le calcul et de comprendre qu'il faudra suer un minimum pour boucler le jeu. Les scènes cinématiques cèdent place aux scènes d'actions dans la foulée, sans transition ni chargement. Vous étiez tranquillement en train de regarder Max parlementer lorsqu'il s'élance sur un garde et le projette à travers la vitre. Le viseur apparait alors et dans un magnifique effet de ralenti, vous alignez les headshot. La jauge de bullet time se remplit progressivement (avec des bonus lorsque vous éliminez des ennemis) et se vide relativement vite. Vous ne pourrez donc pas en abuser à outrance. De même que les munitions, qui s'envolent à une vitesse impressionante. Vous transportez sur vous deux armes de poing et un fusil. Max Payne s'offre le luxe du réalisme. En effet, lorsque vous ramassez une arme, Max se baisse pour la ramasser (ou fait une roulade). Lorsque vous portez un fusil et que vous dégainez votre flingue, le fusil ne disparait pas dans une mystérieuse poche magique, il reste dans votre main gauche, balotant contre votre hanche, alors que vous tirez d'une main sur vos ennemis. Si bien que lorsque vous dégainez vos deux pistolets, le fusil est jeté dans le décor. Inventaire contemporain et hardcore, il faudra bien réfléchir avant de jeter votre fidèle fusil d'assaut pour une mitrailleuse certes dévastatrice mais à la portée limitée. Je vous déconseille d'ailleurs d'opter pour les armes à visée laser puisqu'à la troisième personne, il est beaucoup plus simple de viser avec le viseur standard qu'avec ce segment rouge imprécis (un comble). Lorsque votre vie tombe à zéro, vous mourrez (quelle révolution!) à moins de posséder des analgésiques. Se consommant automatiquement, cet antidouleur vous place au ralenti dans votre chute et vous donne une dernière chance. Abbatez votre assassin et vous repartez avec une jauge de vie pleine. N'hésitez pas d'ailleurs à tirer dans les membres de vos adversaires, à l'instar d'un GTA 4, la localisation des dégats vous permet de les estropier ou même de les désarmer. Vos ennemis sont légion et n'hésiteront pas à vous lancer des grenades ou à vous contourner. Je ne dis pas que l'intelligence artificielle est au sommet de son art mais elle fait incontestablement son travail, contrairement à la norme actuelle sur le marché des jeux d'action. Le jeu en devient plutôt ardu. Heureusement, lorsque vous vous retrouvez à échouer plusieurs fois de suite au même endroit, plutôt que de vous proposer de baisser le mode de difficulté de façon insultante (comme le font la plupart des jeux actuels), Max Payne 3 vous octroie un analgésique supplémentaire, histoire de voir si ce petit boost vous permettra de passer plus facilement. Echouez encore et vous en aurez un deuxième. Le nombre de ces analgésiques est cependant limité, ne croyez pas que vous pourrez accumuler ainsi une cinquantaine de médicaments et finir le jeu. Il est très rare de dépasser le nombre de 3 et parfois, on aimerait en avoir bien plus.

 

Ok je ne suis pas un testeur sérieux, je n'ai pas testé avec attention le mode multijoueur. Le peu que j'en ai vu m'a simplement permis de déclarer qu'il était de qualité bien qu'il ne s'agisse pas du point fort du jeu (qui reste son ambiance et sa mise en scène). Néanmoins vous trouverez pas mal de monde pour vous mettre sur la tronche et ça se laisse jouer donc pourquoi pas?

 


Même au Brésil, il fait nuit

 


Ne croyez pas cependant que je vous présente aujourd'hui le jeu parfait. Nombre de défauts viennent ternir cet tableau qui peut sembler à première vue iddylique. Tout d'abord la maniabilité laisse à désirer du fait d'une inertie beaucoup trop lourde de Max. Pour s'arrêter de courir, il lui faut presque 3 pas (alors qu'on est loin de la vitesse d'un Usain Bolt), et pour se relever Max Payne ne prend pas moins de 3 secondes, vous laissant pendant ce temps là à la mercie de vos ennemis. Ensuite, certains ennemis, lorsqu'ils vous éliminent, vous privent du droit d'utiliser vos analgésiques sans plus d'explication ou, plus rageant, vous laissent l'utiliser mais se trouvent sous un angle inaccessible avec le viseur. Si les checkpoint sont suffisament rapprochés les uns des autres, certaines fusillades prennent quand même plusieurs minutes d'action intense pour être résolues et échouer à la fin à cause d'un détail comme ça alors qu'il nous reste encore 3 analgésiques, ça fait un peu mal au coeur. Niveau réalisation, la musique est sous-exploitée et le moteur graphique sent le réchauffé. On dirait le moteur de GTA 4 un peu boosté (sûrement du fait que Max Payne 3 nous place dans un couloir et non un open-world). La linéarité est d'ailleurs bien marquée et si on est habitués à ce genre de tares dans les jeux vidéos d'action récents, cela n'en reste pas moins frustrant. On aura également le droit à des bugs de réalisation réccurents dans les jeux modernes comme des décalages de synchronisation labiale, des bugs d'affichage lors des effets pyrotechniques dans les scènes cinématiques. Néanmoins il est à noter qu'in-game, les bugs de moteur physique et autres problèmes d'affichage ne sont pas légion et que le jeu reste fluide et bien fignolé. Lorsque Max plonge, il déplace son corps en fonction de son environnement et se réceptionnera facilement sur le bras ou l'épaule de manière très convaincante. La chorégraphie et la fluidité sont à leur comble à ces moments-là.
 

  • JOUABILITÉ

    13

    Si tout fonctionne parfaitement et que le côté hardcore de l'inventaire fait saliver, si les combats sont acharnés et les analgésiques peu nombreux, la rigidité et l'inertie de Max rend le tout imprécis et frustrant. Il n'est pas rare de gaspiller plusieurs analgésiques au même endroit parce qu'en se relevant Max prend 3 plombes et qu'il se fait tirer dessus pendant ce temps-là

  • GRAPHISMES

    13

    Pas transcendant, le moteur graphique marque son âge, surtout sur les visages des protagonistes qui souffrent de crises d'aliasing. C'est propre et convaincant mais dans un univers fermé et linéaire on était en droit de s'attendre à mieux

  • BANDE SON

    12

    Les musiques ne sont pas mises en valeur et ne sont pas transcendantes. Néanmoins la bande son est sauvée par le voice acting de toute beauté et les bruitages des armes à feu qui respirent le réalisme et la puissance (sans trop en faire non plus). Un résultat mitigé donc mais si pour vous la musique n'est rien, alors il n'y a que du bon

  • DURÉE DE VIE

    14

    Certes le jeu se boucle en une quinzaine d'heures, mais bon quinze heures pour un jeu d'action, à notre époque c'est trop rare. D'autant que la durée de vie se voit rallongée par le mode multijoueur qui, s'il ne révolutionne pas le genre, a le mérite d'exister.  Néanmoins la linéarité du soft et l'omniprésence des cinématiques rendra la rejouabilité plus que théorique.

  • SCÉNARIO

    15

    Si le scénario se repose sur une base bien établie de polar américain, la transposition de cet univers en plein Rio est assez sympathique et le tout est servi par une mise en scène chiadée. L'ambiance est cynique et déprimmée au possible et si le pathos est un peu trop appuyé, ce n'est que pour renforcer cet aspect déséspéré de notre personnage. Bon il est vrai qu'avec plusieurs heures de cinématiques, c'est plus facile de planter une intrigue mais on peut quand même féliciter Rockstar pour ces personnages encore une fois hauts en couleur

  • Points positifs

    • Ambiance chiadée
    • Mise en scène convaincante
    • Gunfights nerveux
    • Durée de vie intéressante
  • Points négatifs

    • Beaucoup de cinématiques
    • Linéaire
    • Réalisation moyenne

Conclusion

Max Payne 3 n'est pas le film interactif qu'on voudrait vous vendre, mais ce n'est pas non plus l'oeuvre du siècle. Plutôt honnête et doué d'une durée de vie appréciable pour ce genre de jeu, il s'adresse principalement au fans d'ambiance même si ses gunfights sont assez nerveuses pour séduire les afficionados de jeu d'action. Dans l'ensemble une bonne pioche qui reste cependant souillée par ses défauts. Et puis c'est vrai qu'il y a beaucoup de cinématiques quand même

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Commentaires (1)

author Titiboy 19/01/2013
20:07
Super, merci beaucoup !