Always Sometimes Monsters est un "RPG-Textuel" développé par Vagabond Dog sous la bannière de Devolver Digital. Ce jeu à l'apparence minimaliste vous plonge dans le quotidien d'un(e) écrivain(e) en difficulté, qui doit se démener entre boulots et obligations dans le seul but de survivre et à terme, atteindre la ville de San Verdano pour reprendre sa vie en main. Le chemin sera long.
Tout commence alors que vous incarnez Larry, un éditeur à la recherche du prochain artiste en vogue. Ca tombe bien, votre appartement est rempli de personnes talentueuses qui ne demandent qu'à être signées. C'est fondamentalement le choix le plus important du jeu, puisqu'il déterminera votre identité, celui que vous incarnerez tout au long de l'aventure qui suit. La fête et l'euphorie passées, vous vous reveillez dans les baskets de l'heureux élu(e), 1 an plus tard. Rien ne va plus, votre manuscrit n'est toujours pas terminé, vous n'avez toujours pas reçu l'avance promise par Larry et votre situation amoureuse est au point mort. Comme si cela ne suffisait pas, vous êtes en retard sur le paiement du loyer, ce qui entrainera votre expulsion pure et simple. La rue comme seul refuge, vous vous donnez comme objectif d'atteindre la ville de San Verdano. Mais la route sera longue et dure, parsemée d'obstacles qu'ils faudra surmonter sur la route des quatre grandes villes du jeu. Il faut se nourrir, gagner sa vie, se faire des contacts et survire à la rue, souvent hostile.
Always Sometimes Monsters est donc un simulateur de vie dans lequel votre destin sera orienté par vos choix, aux conséquences parfois gravissimes. Et c'est là toute la sève du jeu, qui s'appuie sur une mécanique de réponses à choix multiples, poussant même le vice jusqu'à proposer des parties de “pierre-feuille-ciseaux” pour gagner (ou perdre) de l'argent facilement. Et comme dans la vie de tous les jours, il faut courir après l'argent, sans quoi vous ne pourrez acheter de la nourriture ou prendre le bus pour accèder à la prochaine ville. Pour gagner de l'argent honnêtement, il faut enchaîner les boulots et remplir vos contrats. Vous pouvez également mettre de côté votre morale en détournant l'argent qui peut vous être confié à certains moment, en faisant du chantage en dérobant des informations sensibles chez le médecin du coin ou encore en volant les quatre billets sur la table basse de votre amie. Plus intéressant encore, Always Sometimes Monsters est suffisamment riche pour passer parfois outre certaines contraintes. Ainsi, dans la première ville si vous parvenez à sauver un citoyen du suicide, il vous proposera de vous amener gratuitement à la prochaine ville, une belle économie pour la suite de l'aventure. De la même façon, il est judicieux de récupérer très vite la canne à pêche pour se nourrir, évitant ainsi de dépenser tout son pécule dans de la malbouffe, tout en essayant de faire les bonnes connaissances pour trouver les meilleurs spots de pêche. RPG Textuel oblige, les intéractions avec le monde et les personnages qui vous entoure se font principalement par les dialogues et du texte (non doublés), beaucoup de texte. Allergique à la lecture vous êtes prévenus, d'autant plus que le jeu n'est malheureusement disponible qu'en Anglais. Mais sous ses airs de “petit jeu indé”, Always Sometimes Monsters peut se targuer d'avoir des textes soignés, dont l'écriture et les situations mettent bien souvent la misère humaine au premier plan.
On regrette cependant que l'aspect édulcoré des décors contrastent nettement avec le fond du jeu, qui se veut plus grave et plus sombre. Ainsi, les efforts fournis sur la rédaction ne sont pas sublimés par la direction artistique du jeu peu inspirée qui, passé la première séquence, ne propose que trop rarement de folies. Malheureusement, l'aspect RPG 2D vu du dessus à l'ancienne ne plaira pas à tout le monde, et on ressent forcément les contraintes imposés par le logiciel RPG Maker utilisé. A l'inverse, le character design des personnages rencontrés (qu'on apercoit durant les dialogues) sont plus convaincants, en proposant des looks assez marqués et originaux. D'autant plus qu'Always Sometimes Monsters peut compter sur une bande-son entrainantes, avec des morceaux dynamiques, parfois electro, qui puisent par-ci par-là son inspiration dans Hotline Miami.
Au final, on se retrouve en présence d'un jeu au fond plus ambitieux que sa forme, qui ravira les joueurs prêts à creuser plus en profondeur. A noter par ailleurs, qu'il faudra se montrer patient pour atteindre le bout de l'aventure, avec un voyage estimé à 10-12h selon votre parcours, et cela sans même compter la possibilité de recommencer le jeu avec un autre personnage. Idéal pour pousser les mécaniques et les conséquences du jeu jusqu'à leurs derniers retranchements. De belles heures de lecture en perspective.
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