Avec la sortie de Furi sur PS4, Xbox One et PC en juillet 2015, l'équipe Montpelliéraine de The Game Bakers avait réussi le pari de gagner le cœur des joueurs exigeants et amateurs de gameplay aux petits oignons. En phase avec la tendance actuelle qui consiste à porter de nombreux jeux sur Switch, les développeurs français ont emboîté le pas et se sont tournés vers la console hybride de Nintendo. Le résultat est-il à la hauteur de l'aura culte qui entoure le soft et, surtout, le jeu parvient-il à assurer techniquement ?
Le prisonnier, la brute et le lapin
Emprisonné, torturé à tours de bras, notre héro se retrouve un beau jour libéré par un mystérieux inconnu affublé d’un masque de lapin. Ce dernier lui enjoignant de se battre pour sa liberté, lui propose de l’aider à s’enfuir de sa prison et lui confie pour y parvenir un katana. Malheureusement pour les deux compagnons la tâche s’avère plus ardue que prévu puisque la prison fait partie d’un immense réseau d’îlots flottants au dessus de la Terre qu’il leur faudra traverser afin d’éliminer les différents gardiens employés à retenir notre protagoniste enfermé.
Avant toute chose, il faut savoir que Furi, en tant que Boss Rusher ne propose pas vraiment de phases de gameplay à proprement parler hormis les différents affrontements contre les boss. Entre ces derniers, rien ne sert de regarder sa manette et d’essayer toutes les touches, seuls les joysticks vous amèneront à destination et vous n’aurez pas d’autre choix que d’avancer jusqu’au prochain adversaire sans rencontrer de plateformes à sauter ou d’ennemis secondaires à occire. Pour couronner le tout, les développeurs ont même poussé le vice jusqu’à inclure une touche “marche automatique”.
Toujours jauger du regard son adversaire avant un combat
Et même si scénaristiquement ces moments de flottement permettent petit à petit au scénario de se dévoiler, de reposer vos petites mimines et de se remettre de vos émotions, il est regrettable de n’avoir que pour seul objectif d’avancer en ligne droite à la vitesse d’un paresseux léthargique jusqu’au prochain combat à chaque nouveau Boss. Surtout lorsque l’on voit à quel point notre héro fait preuve d’agilité et d’aisance durant les phases où il peut enfin laisser parler le katana. Jusque-là, il faut avouer que ça ne casse pas la barraque mais bercé par la pluie et l’orage, avec un morceau de Carpenter Brut en fond sonore, l’ambiance claque sévèrement. Le premier affrontement peut débuter.
Bats-toi pour ta liberté
Soyons clairs dès le début, cette version Switch n’a pas à rougir face aux autres moutures. Que ce soit en mode TV ou portable, le portage s’en sort avec les honneurs et rend hommage au matériau de base même si la résolution est revue à la baisse rendant le tout un tantinet flou surtout en mode nomade. Quelques légères chutes de framerate sont aussi à déplorer mais celles-ci restent vraiment anecdotiques et n’impactent que rarement le gameplay. Au niveau de ce dernier d’ailleurs, force est de constater que la simplicité règne en maîtresse. Le jeu se basera sur votre capacité à apprendre les mouvements de vos ennemis et à réagir en conséquence, faisant fi de combos ou autres joyeusetés superficielles. Les possibilités et les capacités de votre héro (qui ne sont pas améliorables, ne vous attendez pas à un Action RPG) sont à l’image du jeu : basiques, brutes et sans fioritures.
Ça tourne parfois au festival de boulettes
Un dash, un tir à distance, un bouton pour parer les coups et une seule touche pour les attaques rapprochées, voilà à quoi pourrait se résumer la palette disponible. Mais si le gameplay est facile à maîtriser sur le papier, en situation réelle attendez-vous à finir tous les affrontements avec des mains moites crispées au pad. Ceux-ci se déroulent tous en plusieurs phases. Pour la première, la caméra prend généralement de la distance pour se positionner au dessus du joueur faisant la part belle aux boulettes en tout genre. Durant ces dernières, proche d'un Shmup (Shoot 'em Up), il faudra dégommer l’adversaire à distance au flingue tout en évitant ses tirs qui peuvent être détruits ou esquivés voir repoussés grâce à un blocage parfait. Une fois la barre de vie du Boss réduite à néant, le combat vire à l'affrontement au corps à corps et il sera temps de faire parler l'acier.
Les affrontements au corps-à-corps sont particulièrement intenses.
Le joueur dispose d'un combo classique à quatre coups mais sachez que, dans Furi, la précipitation se solde toujours par un échec cuisant. Rares seront les fois où il sera possible de toucher l'adversaire plus de trois fois sans qu'il ne réplique ou vous bloque. Et même si votre nemesis s'amuse à vous narguer vous laissant imaginer pouvoir l'attaquer, il n'en est rien car pour réussir ici il ne faudra jamais foncer tête baissée vers l'adversaire. La prise de risque n'est pas récompensée et les maîtres mots pour s’en sortir victorieux sont l’analyse, l’esquive et la parade.
Tomber sept fois, se relever huit
Car, soyons honnêtes, Furi est un jeu exigeant, punitif, frustrant même parfois. Et si les affrontements sont retors et l’exécution pointilleuse, les développeurs n’ont pas oublié de récompenser les joueurs persévérants en restaurant un petit peu de vie par exemple à chaque parade réussie et un enchaînement dévastateur en cas de timing parfait. Même si le joueur peut sembler décontenancé au premier abord, un signal sonore ainsi que visuel préviennent de l’imminence d’une attaque au corps à corps.
Les parades parfaites donnent accès à une mise en scène sympathique.
Chaque boss, bien que suivant un cheminement similaire à base de combat à distance puis rapproché à partir d’un certain nombre de points de vie, aura des patterns uniques. La force de Furi se situe dans l’apprentissage des mouvements de l’adversaire puis, passant à la phase suivante, l’introduction d’un désapprentissage de tous les réflexes acquis auparavant mettant en permanence le joueur sous pression.
Synthwave et compagnie
L'essentiel du soft repose donc sur des mécaniques parfaitement huilées et des combats requérants une bonne dose de skill et d'apprentissage faisant fi d'un scénario recalé au troisième plan. Car, même si l'ambiance flashy typique des années 80 assure, il faut souligner le travail effectué sur l’OST qui tabasse sévère. De grands noms de la scène électro tels que Carpenter Brut, The Toxic Avenger ou Waveshaper, pour ne citer qu’eux, signent des compositions pêchues pour le plus grand bonheur de nos oreilles.
Les phases entre les boss permettent de souffler un peu et d'admirer le panorama.
Malgré toutes ses qualités et bien qu’un mode speedrun vienne rallonger un peu la durée de vie, il faut tout de même souligner que cette dernière n’est pas le point fort de Furi et même si l’expérience est intense elle n’en est pas moins très courte puisque le jeu peut se terminer aisément en quatre à cinq petites heures seulement.
C'est en cela que Furi reste un petit jeu, certes, mais difficilement oubliable et vers lequel on reviendra avec grand plaisir. Cette alchimie entre design osé, gameplay arcade mais brutal et bande son énervée fait de Furi une expérience qui marque au fer rouge et il faut bien avouer que nous avons vraiment hâte de voir où les développeurs de chez The Game Bakers vont nous emmener pour leur prochain jeu.
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