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Twin Mirror

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Propulsé sur le devant de la scène depuis Life Is Strange, le studio DONTNOD Entertainment a su conquérir les foules avec ses jeux narratifs. A tel point que leur dernier titre, Twin Mirror, est autoédité. Sorti le 1er décembre 2020 sur PC, PS4 et Xbox One, le jeu est bien sûr rétrocompatible sur PS5 et Xbox Series X|S. Mais cette nouvelle expérience narrative apporte-t-elle son vent de fraîcheur aux productions DONTNOD ?

 

 

Une affaire de quelques heures

 

 

Twin Mirror a pour particularité de nous faire plonger dans un genre nouveau chez DONTNOD : le thriller psychologique. On incarne Sam Higgs, un ancien journaliste ayant quitté la ville minière de Basswood suite à un article dénonçant les mesures de sécurité non-respectées au sein de la mine. L’article ayant provoqué la fermeture de la structure, la plupart des habitants du coin se sont retrouvés sans travail, et Sam est donc détesté par la communauté d’anciens miniers. Ajoutez à cela une relation amoureuse qui s’est mal terminée, et vous avez toutes les raisons du départ précipité de Sam, qui doit, deux ans plus tard, retourner à Basswood pour l’enterrement de son meilleur ami Nick.

 

Joan, la fille de Nick, est la première à discuter avec Sam dès son arrivée pour la veillée funèbre, et lui fait part de ses doutes : quelque chose n’est pas clair dans la disparition de Nick, mort dans un accident de voiture. Sam est donc chargé d’investiguer et de confirmer ou non les doutes de Joan, avant que vienne s’ajouter à cela une nuit trop arrosée et une chemise toute ensanglantée au réveil. C’est ainsi une course contre-la-montre qui se lance, Sam devant mener l’enquête tout en lavant son nom dans une affaire où il fait un suspect bien trop idéal.


Après deux ans d’absence, Sam doit retourner à Basswood, une ville où il n’est plus vraiment le bienvenu.

 

Et si nous parlons de contre-la-montre, ce n’est pas qu’au sens figuré : le scénario de Twin Mirror défile assez rapidement à l’écran, et si les évènements se déroulent sur 24h, en temps de jeu il ne faut compter que six petites heures pour faire tomber les crédits de fin, en prenant le temps d’explorer comme il se doit et de trouver tous les collectables. C’est peu, comparé aux jeux DONTNOD en format épisodique où l’on comptait entre douze et quinze heures pour venir à bout de l’ensemble des chapitres. Twin Mirror se livre certes en un seul morceau, mais le cadre qu’il pose pour son intrigue est relativement petit, ce qui empêche le jeu d’offrir plus de consistance à un scénario qui, s’il est cohérent et fonctionne très bien, manque cruellement de surprise.

 

D’autant plus que le jeu dispose de cinq fins, mais seuls les trois derniers chapitres déterminent la fin à venir, il ne faudra donc qu’une dizaine d’heures maximum pour voir tout ce que le jeu a à proposer. Le titre propose d’ailleurs une fonction d’avance rapide, mais qui n’est disponible qu’en refaisant un chapitre en mode collectionneur, où aucun changement de choix n’est enregistré. Ajoutez à cela le rythme relativement lent, y compris dans les déplacements de Sam, et voir toutes les fins sera alors particulièrement long, pour des variations trop peu impactantes.

 

 

Un dialogue avec soi-même

 

 

Nous le disions plus haut, Sam n’est pas un personnage très apprécié par les habitants de Basswood. Et ce n’est pas seulement parce que beaucoup d’entre eux ont perdu leur emploi à cause de lui : en plus de ça, Sam Higgs a le don pour dire les choses sans détour, qu’elles fassent plaisir ou pas. Obsédé par la recherche constante de la vérité, Sam peine à correspondre aux normes sociales, sa personnalité étant trop analytique et pas assez empathique. Et c’est là une des mécaniques de Twin Mirror : Sam est régulièrement amené à écouter ou à discuter avec son Double, un Sam à la personnalité sociale que lui seul peut voir, et qui est capable d’écouter les gens, les comprendre, et s’adapter à leurs besoins et leurs attentes. Ainsi, vous assistez souvent à la confrontation de deux points de vue quant à une situation, et vous devez régulièrement au cours du jeu choisir entre la façon de faire analytique, ou sociale. Malheureusement, ces choix n’influent que peu sur le scénario, du moins jusqu’au choix final qui, lui, implique une façon différente de gérer les derniers évènements.


Le Double de Sam a une personnalité sociale, et il essaiera de vous aiguiller avec empathie.

 

Par ailleurs, l’autre particularité de Sam est le Palais Mental dans lequel il se réfugie parfois. Véritables plongées dans l’esprit de Sam, ces scènes permettent de revivre des souvenirs, mais surtout de simuler des situations afin de faire progresser l’enquête. Ainsi, après une collecte d’indices dans le vrai monde, Sam plonge dans le Palais Mental et vous aurez à choisir entre plusieurs options pour trouver la seule configuration qui puisse correspondre à ce qui s’est réellement passé.

 

Si la mécanique est intéressante, l’enjeu en reste très amoindri puisque si une simulation est mauvaise, Sam se contentera d’indiquer que ça ne colle pas, le tout n’ayant donc pas d’influence négative sur le déroulé du scénario. Le Palais Mental est bien plus marquant lors de certaines scènes où Sam perd le contrôle : son refuge se disloque alors, devient plus sombre, et donne lieu à des mini-jeux afin de stabiliser son esprit.


Les simulations se résument à trouver la seule configuration logique qui puisse coller à la réalité.

 

Ces séquences sont particulièrement bien mises en scènes, et Twin Mirror est sans doute le jeu narratif de DONTNOD le plus abouti visuellement parlant. Les décors sont plaisants à explorer, la ville de Basswood possède un charme incontestable, et les jeux de lumière sont réussis. Un malheureux clipping vient cela dit ternir le tableau, sur console en tout cas. Le doublage est très qualitatif, donnant vie aux personnages et à leurs histoires. La bande son donne dans un registre folk, dans la même veine que Life Is Strange, avec quelques pistes plus chargées de mystère au fur et à mesure que l’intrigue progresse.


Le palais mental permet de simuler des situations, et c’est aussi l’endroit le plus beau du jeu.

 

 

Du recyclage qui manque de peaufinage

 

 

En plus de sa courte durée de vie et de son intrigue manquant de surprise, Twin Mirror a tendance à tomber dans la redite à plusieurs niveaux. Dans son intrigue et son ambiance, avec le retour dans une ville petite et étouffante comme c’était déjà le cas dans le premier Life Is Strange, mais aussi dans ses situations. On y trouve ainsi une communauté vivant en marge de la société, composée de SDFs, ce qui n’est pas sans rappeler deux éléments forts de Life Is Strange 2. Même au sein des environnements, le belvédère de Twin Mirror ne peut que faire échos aux différents Life Is Strange (on trouve ce même type de scène dans le 1, le 2, et Before The Storm). Au final, l’enquête menée par Sam est simplement moins longue et plus évidente que l’affaire sordide que l’on découvre tout au long du premier Life Is Strange.

 

Sur le papier, Twin Mirror avait pourtant tout ce qu’il fallait pour proposer une expérience plus riche et profonde : le titre se démarque notamment de Life Is Strange et des autres productions narratives du studio en ne centrant plus l’histoire sur des adolescents, mais sur un adulte dans une ville au lourd passé. Et si la mécanique autour des choix les plus importants est toujours binaire, en prenant soit le parti de la personnalité analytique, soit celui de la personnalité sociale, le jeu donne à voir la complexité derrière cette binarité. Peu importe votre choix, il en résultera forcément de la souffrance, des difficultés, et cette complexité dans l’équilibre entre objectivité et sentimentalité ne peut que résonner encore plus chez le joueur, étant donné le cycle d’actualité turbulent de ces dernières années.


A l’instar d’Arcadia Bay, Basswood est une petite ville étouffante. Même si ce genre de cadre est propice à raconter une histoire, Twin Mirror manque de singularité.

  • JOUABILITÉ

    13

    Avec un rythme assez lent et une enquête bien ficelée mais trop peu surprenante, Twin Mirror manque de réelle mécanique de gameplay : les phases d’investigations sont simples et sans grand enjeu, et les choix n’impactent pas assez le scénario.

  • GRAPHISMES

    15

    Plus belle expérience narrative de DONTNOD jusque-là, les environnements rappellent toutefois un peu trop ceux déjà visités dans les jeux précédents, et un malheureux clipping vient ternir le tableau, en tout cas sur console. Les scènes dans le Palais Mental sont particulièrement plaisantes.

  • BANDE SON

    14

    Le titre dispose d’une bande son folk et de quelques thèmes plus mystérieux au fil de la progression. Le doublage est très qualitatif, donnant vie aux personnages.

  • DURÉE DE VIE

    11

    S’éloignant de la formule épisodique pour constituer un one-shot, Twin Mirror est particulièrement court et il ne faudra compter que six petites heures pour le finir. Montez jusqu’à dix heures pour le terminer à 100% en voyant toutes les fins, le comble quand on sait que l’avance rapide ne sera donc pas utilisée.

  • SCÉNARIO

    12

    Bien mené et convaincant, le scénario n’en reste pas moins maigre en surprises, et défile à toute vitesse, minimisant la mécanique de choix jusqu’aux dernières scènes du jeu. Le titre manque de profondeur, malgré le fait qu’il possédait tous les éléments pour offrir quelque chose de plus riche et dense.

  • Points positifs

    • La dualité du personnage principal
    • Un système narratif binaire qui donne à voir une réalité plus complexe
    • Le doublage qualitatif
    • Les scènes de panique dans le Palais Mental
  • Points négatifs

    • Trop court, même pour le finir à 100%
    • Une intrigue trop lisse à cause d’un cadre trop limité
    • Quelques soucis de clipping
    • Trop de similarités avec les productions précédentes du studio : Twin Mirror manque clairement de singularité

Conclusion

C’est un verdict mitigé pour Twin Mirror : si le titre disposait de tous les éléments pour proposer quelque chose de plus profond et complexe, force est de constater que la formule narrative à choix binaire montre ses limites, d’autant plus lorsque la plupart de ces choix n’impactent quasiment pas le scénario. Le jeu ne dépaysera pas les afficionados des productions DONTNOD, puisque beaucoup d’éléments seront familiers : l’ambiance, la petite ville suffocante, les environnements… Twin Mirror manque de singularité, et le cadre qu’il instaure est trop petit pour y développer une intrigue riche, donnant lieu à un jeu qui se finit trop vite, même si l’on veut tout découvrir.

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Commentaires (1)

author Greed Lavare 01/04/2021
15:54
Le test me donne étonnamment envie d'essayer le jeu (et de finir Life Is Strange que j'ai laissé un peu moisir dans un coin à mon grand regret...) – merci !