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Eastward

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C’est à l’époque du Steam Greenlight qu’Eastward s’était fait remarquer : avec son pixel-art extrêmement soigné, le jeu du studio Pixpil était en développement depuis 2015. Ayant depuis rejoint le catalogue de l’éditeur Chucklefish, il est finalement sorti le 16 septembre 2021 sur PC, Nintendo Switch et Mac. Alors qu’est-ce que donne ce titre après tant d’années de développement ? ConsoleFun s’est penché pour vous sur la question !

 

 

Une aventure laborieuse à cause de ressorts scénaristiques trop arrangeants

 

 

Eastward nous fait incarner John et Sam, un duo de personnages qui s’est formé au sein de l’Île-Cocotte, une ville sous-terraine qui sert de point de départ. Si l’atmosphère du jeu est saisissante, il ne faut pas longtemps pour que l’on se retrouve piégé dans un avancement particulièrement lent, au fil d’une intrigue qui stagne une grande partie du temps de jeu et ce grâce à des convenances scénaristiques quelque peu irritantes.

 

Ainsi, John ne parle pas –sans qu’il ne soit précisé à aucun moment s’il est muet ou pas- et ne communique donc jamais sur les évènements dont il est témoin, même les plus terribles. Quant à Sam, on lui accorde le bénéfice du doute sur son regard d’enfant, puisque même les scènes les plus alarmantes ne semblent pas l’affecter plus que ça. Avec un duo qui se terre donc dans le mutisme le plus total quant à une intrigue mystérieuse, inquiétante, et annonçant tout de même une fin du monde imminente, on ne peut que s’agacer de voir le scénario traîner en longueur, encore et encore.


La ville de départ est sous terre, et les mineurs y mènent une vie peu plaisante. Le ton est posé.

 

Les différentes villes parcourues contiennent heureusement leurs lots de personnages intéressants, mais ceux-ci souffrent des interactions avec John et Sam, puisque tout pourrait aller beaucoup plus vite si ces derniers n’étaient pas aussi inertes devant tous les éléments constituant le suspense de l’aventure. En résulte un jeu dans lequel tout semble trop lent, trop long, trop convenu pour que l’on profite de son scénario. Même dans les derniers chapitres, où tout semble s’accélérer, on passe par des scènes fastidieuses tant elles manquent d’intérêt par rapport à ce que l’intrigue nous promet au bout du tunnel. Heureusement, notre duo de protagonistes s’en sort mieux au niveau du gameplay, grâce à leur complémentarité.

 

 

Des sessions de puzzle intelligentes et bien dosées

 

 

En effet, notre duo progresse ensemble dans différents environnements, à travers toutes sortes de puzzles à résoudre afin de pouvoir avancer. John, fin cuisinier, se bat avec sa poelle et peut compter sur un arsenal à base de pistolet et bombes, tandis que Sam possède des aptitudes magiques. On passe du contrôle d’un personnage à l’autre d’une simple pression de touche, et on peut choisir de laisser un personnage à un endroit tandis que l’on va manœuvrer dans le reste de la zone, tout en ne pouvant changer de zone qu’avec les deux personnages réunis.


John peut compter sur sa poêle pour affronter n’importe quel ennemi.

 

Simples mais efficaces, les puzzles ne sont jamais un problème en soi et se montrent plutôt ingénieux, faisant bien ressortir la complémentarité du duo et de leurs compétences. Une complémentarité que l’on retrouve de façon tout aussi efficace dans le combat pur et dur, puisque les zones sont parsemées d’ennemis à pourfendre.

 

Là encore, il n’y a pas vraiment de difficulté à progresser, pour peu que l’on s’intéresse à la mécanique de cuisine : chaque point de sauvegarde du jeu s’accompagne d’une petite cuisinière où l’on peut utiliser les ingrédients récoltés au fil de l’aventure pour concocter de délicieux petits plats. Ces derniers ont différents effets, en plus de faire récupérer de précieux points de vie. La barre de vie se vide parfois assez vite, donc la cuisine devient vite indispensable pour avancer sans problème.


Les plats et autres concoctions seront vos meilleurs alliés.

 

Par ailleurs, le titre regorge d’éléments à collecter afin d’améliorer votre équipement, que ce soit avec les unités de sel qui font office de monnaie, ou les composants électroniques servant de ressources. Un bon point pour ce jeu qui serait, sans ça, un jeu en ligne droite : le prochain objectif est en permanence affiché sur la carte à votre disposition.

 

Dernier point notable, Eastward embarque un RPG entier jouable à partir de bornes d’arcades que l’on retrouve dans chaque ville. Totalement facultatif, le parcourir ajoutera tout de même environ cinq heures de jeu aux vingt heures nécessaires pour terminer Eastward, en ayant un léger intérêt scénaristique bien que tout soit expliqué clairement à ceux qui passeront à côté.

 

 

Un jeu d’ambiance avant tout

 

 

Là où Eastward fait un carton plein, c’est dans son ambiance, que l’on peut décortiquer en plusieurs éléments bien distincts. Tout d’abord, le jeu est graphiquement impeccable, et même impressionnant. Le pixel-art est incroyablement soigné, les animations sont belles et fluides, on a une large palette de couleurs et tout ce qui est filtres et jeux de lumière est géré à la perfection.


Il y a un véritable souci du détail dans les environnements : le pixel-art est époustouflant.

 

Vient alors la bande son, qui joue elle aussi dans la cour des grands. Certains thèmes sont particulièrement beaux, et viennent parfaitement coller aux différents moments du jeu. Et c’est lorsque tous ces éléments s’assemblent que le monde d’Eastward prend réellement corps. Certains personnages ressortent clairement du lot, tant ils se montrent impliqués dans les évènements touchant leur vie –ce qui contraste avec John et Sam, qui se retrouvent simplement mêlés à tous ces problèmes.

 

Les villes regorgent de vie, et leurs habitants permettent d’exprimer à quel point la situation est catastrophique, avec des personnages qui ne réagissent pas tous de la même façon. Certains se livrent quant à leur désespoir, leur peur de la fin, là où d’autres refusent de renoncer, bien déterminés à sauver même ceux qui continuent à vivre sans se soucier de rien.


Eastward peut compter sur une mise en scène soignée, avec des effets de zoom, des mouvements de caméra… De quoi offrir des plans vertigineux.

 

C’est le problème même d’Eastward : les choses n’avancent qu’à travers les autres personnages, créant un rythme très lent, et ce malgré une mise en scène là encore très soignée. C’est donc en s’attachant à quelques personnages-clés que l’on trouve la force de continuer à jouer jusqu’au prochain moment d’intérêt. Une ambiance forte qui permet presque d’oublier la résolution du jeu, peu inspirée et largement oubliable.

 

L’histoire principale ne parvient tout simplement pas à se montrer aussi pertinente que dans les petits moments laissant briller les personnages secondaires. Le silence de John et le manque de clairvoyance de Sam jouent en la défaveur de l’intrigue, qui tente beaucoup de jouer sur la corde émotionnelle. Et c’est sans évoquer une romance particulièrement forcée, qui ternit encore plus le tableau… Ne reste donc à garder d’Eastward que son ambiance, intrigante et mystérieuse, soulevant plus de questions que de réponses et donnant toute leur importance à ces personnages aussi banals que vous et moi, tentant simplement d’échapper à la fin du monde.

  • JOUABILITÉ

    14

    La complémentarité des protagonistes dans le gameplay est bien menée et les puzzles sont intelligents sans être spécialement compliqués.

  • GRAPHISMES

    19

    Impeccable, impressionnant, Eastward joue ici sa carte maîtresse : un pixel-art incroyablement peaufiné et bien mis en scène. Bravo.

  • BANDE SON

    16

    Avec ses nombreux thèmes liés aux différentes situations, la bande son du jeu vous deviendra familière tout en restant agréable.

  • DURÉE DE VIE

    12

    C’est une vingtaine d’heures que vous prendra l’aventure d’Eastward, voire une trentaine si vous vous frottez au RPG dans le jeu. C’est long, mais sans être ici un avantage : le rythme général est trop lent, la faute au scénario…

  • SCÉNARIO

    7

    Là où l’ambiance réussit à instaurer le grandiose dans le jeu, l’intrigue principale nous fait toujours revenir à des boucles d’ennuis et d’exaspération devant nos héros. On subit leur manque de communication au fil de chapitres toujours trop longs, parfois même totalement dispensables.

  • Points positifs

    • Graphiquement impeccable, voire impressionnant
    • L’ambiance aussi délicate que mystérieuse
    • Les petits moments faisant briller les personnages secondaires
    • La mise en scène soignée
    • La bande son
  • Points négatifs

    • Une histoire principale à dormir debout
    • Le manque d’implication des protagonistes
    • Une durée de vie qui aurait pu/dû être diminuée de moitié

Conclusion

Réalisant un carton plein avec son atmosphère si délicatement mystérieuse, Eastward s’empêtre néanmoins dans une histoire principale bien mal menée, la faute à des ressorts scénaristiques aussi convenus qu’agaçants. Le gameplay, classique et efficace, ne parvient pas à faire pencher la balance, et il ne reste alors à garder d’Eastward que la saveur de ses petits moments, qui font briller les personnages secondaires à travers leur implication, grand point faible du duo de protagonistes. Un résultat en demi-teinte, mais qui nous fera garder un œil sur les prochaines productions du studio Pixpil, assurément.

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Commentaires (1)

author apollos 02/01/2022
18:30
L'esthétique du jeux est superbe, le level design, la bande son de Joel Corelitz est également magnifique….
L'ambiance est prenante, la difficulté n'est ni trop simple, ni trop difficile.