Initialement sorti le 14 janvier 2011 sur Nintendo DS, puis sur iOS le 27 janvier 2012, Ghost Trick est un titre qui a su marquer une petite communauté de joueurs, tout en restant cantonné aux petits écrans. Le jeu de Capcom, réalisé par le créateur de la série des Ace Attorney, Shu Takumi, avait à peine dépassé les 80 000 ventes sur Nintendo DS, cette dernière étant alors en fin de vie, alors que la Nintendo 3DS arrivait un gros mois plus tard. Annoncé le 8 février 2023 lors d’un Nintendo Direct, Ghost Trick : Détective fantôme est le remaster qui ouvre la voie à un nouveau public, pour une sortie le 30 juin 2023 sur Nintendo Switch, Xbox One, Series X|S, PS4, PS5 et PC. S’agit-il là d’une résurrection pour la licence, ou son fantôme va-t-il retourner errer dans le grand cimetière des jeux oubliés ?
Mourir, c’est partir un peu
Ghost Trick nous met dans la peau de Sissel, un personnage… venant de mourir. Dans la peau ? Pas réellement, puisque nous contrôlons son âme, pouvant se déplacer d’objets en objets dans les décors que l’on parcoure en quête de réponses : comment sommes-nous mort, et pourquoi ?
Abordé très vite par une lampe de bureau animée évoquant l’icône du studio Pixar, on découvre alors nos pouvoirs de fantôme : posséder des objets et les faire se mouvoir légèrement, changer de lieux via les lignes téléphoniques, et surtout remonter dans le temps au contact d’une âme, jusqu’à 4min avant le décès d’une personne. Dans notre parcours, on alterne entre le monde réel et le monde fantôme, cherchant à influer sur des situations où la montre joue contre nous.
Le mode Fantôme nous permet de passer d’objets en objets afin de les faire se mouvoir légèrement.
Ces possibilités donnent lieu à une aventure particulière, puisque l’on mène notre enquête à l’envers, malgré la nuit qui progresse. Et la dernière subtilité n’est pas des moindres, puisqu’à l’aube, la mort de Sissel est définitive, le faisant disparaître pour de bon.
Une trame scénaristique parfaitement maîtrisée
Cette quête de réponse s’étend sur un peu moins d’une vingtaine de chapitres, nous faisant découvrir toute une galerie de personnages, de décors, et nous faisant surtout rebondir de mystères en mystères. L’intrigue est ici parfaitement maîtrisée par son créateur, qui ne laisse en zones grises que d’infimes détails : toute question aura sa réponse, pour une affaire qui remue une dizaine d’années d’évènements. Le sentiment de satisfaction une fois Ghost Trick terminé est particulièrement marquant, tant les réponses apportées et les personnages découverts vous imprègnent.
Missile est le Loulou de Poméranie le plus mignon et le plus déterminé de l’histoire du jeu vidéo.
Cet excellent world-building s’instaure au fil de chapitres d’une trentaine de minutes chacun, avec de nombreux dialogues. Le rythme de Ghost Trick est plutôt lent, mais satisfaisant : on alterne entre phases de dialogues et phases de manœuvres, parmi lesquelles on trouve des checkpoint pour les chapitres à contraintes de temps ou lorsqu’il est possible de se bloquer en manipulant les mauvais objets.
Ce découpage hérité de la DS se montre assez convenable sur les consoles actuelles, et le gameplay n’est que légèrement modifié, adaptant l’utilisation du stylet pour les tracés de déplacement initialement au joystick actuel. Bonne nouvelle, le tactile de la Switch reste utilisable ! Les possibilités de chaque objet sont affichées directement, et l’aspect trial and error de certains chapitres n’est jamais spécialement difficile ou injuste : même sur les chapitres les plus retors, on parvient à avancer assez rapidement.
Lynne, jeune détective, vous aidera beaucoup dans votre aventure… si vous la sauvez entre temps.
Un remaster sublimant la direction artistique originale
Donnant vie à l’excellent scénario du jeu, la direction artistique de Ghost Trick est tout simplement époustouflante. Le lissage HD en 1080p/60fps du titre rend honneur au chara-design soigné et aux animations excentriques des différents personnages, donnant encore plus à voir leur personnalité que dans la mouture originale. On reprochera toutefois au titre l’aspect 4:3 avec des bandes sur les côtés, n’étirant le tout en 16:9 que lors des remontées dans le temps.
La bande-son, initialement excellente avec ses thèmes aussi punchy que mystérieux, bénéficie aussi de nouvelles musiques et de réorchestrations par Masakazu Sugimori (le compositeur d’origine), et il est possible de passer de la nouvelle OST à l’originale à tout moment, cette action étant immédiate, sans avoir à relancer la musique du début. Un menu Musique est d’ailleurs disponible via le menu principal, où il est possible d’écouter n’importe quelle piste du jeu.
Le remaster apporte une banque musicale, avec les thèmes originaux, les nouveaux, et les réorchestrations.
Ce remaster apporte par ailleurs de nouveaux challenges, qui consiste en des puzzles plus ou moins faciles à réaliser. On trouve aussi une galerie d’art, qui se complète en réalisant les différents succès/trophées du jeu. Rien de bien extraordinaire, mais de quoi prolonger l’expérience avant de quitter le jeu en douceur une fois l’histoire terminée.
Enfin, les textes ont été agrandis, ce qui peut paraître étrange au début, mais pas dérangeant. Néanmoins, il s’agit de la même traduction française que sur la mouture DS, avec ce que cela comporte de fautes d’orthographes ! Elles ne sont pas très nombreuses, mais il est dommage qu’il n’y ait eu aucune relecture pour l’occasion.
Un journal permet de reprendre connaissance de tout ce que vous avez découvert si besoin.
Commentaires (0)