Six ans après avoir conquis les foules avec Titan Souls, le studio Acid Nerve revient sur le devant de la scène avec Death’s Door, présenté en mars dernier à l’ID@Xbox. Publié par Devolver Digital ce 20 juillet 2021 sur Xbox One, Xbox Series X|S et PC, nous nous sommes attelés à tester pour vous ce titre qui s’annonçait déjà comme une petite pépite de l’été.
Un rapport à la mort discuté et poignant
Death’s Door nous fait incarner un des corbeaux travaillant à la Commission des Faucheurs, chargée de récolter les âmes des créatures qui ont fait leur temps. A peine arrivé pour une nouvelle mission, vous vous rendez compte une fois arrivé sur place que l’âme de votre proie a été dérobée, et qu’il va falloir vous frottez à trois âmes majeures avant de pouvoir réclamer celle qui vous est due.
On se retrouve donc à visiter différents environnements afin de trouver ces personnages ayant étrangement échappé à la mort depuis bien trop longtemps, avec des biomes en extérieur qui mettent à l’honneur une nature colorée, contrairement aux donjons qui se veulent plus ternes et lugubres. Le Siège de la Commission des Faucheurs contraste d’ailleurs totalement avec la nature colorée que l’on parcoure : seulement teintée de nuances de noir et blanc, elle échappe au temps qui passe, contrairement aux décors où vous évoluerez et risquerez de mourir… beaucoup.
La Commission sert de hub, et n’est pas l’endroit le plus chaleureux que vous parcourerez.
La mort est bien sûr le thème central de Death’s Door, avec des dialogues tournant pour la plupart autour du rapport à la mort de chacun. Si le ton est forcément morose, on s’identifie sans peine aux personnages qui, à travers le prisme universel de la peur de la mort ou au contraire de son acceptation, font tout simplement ce qu'il peuvent pour échapper à l'inévitable, rendant bien sûr difficile le fait même de devoir briser le statut quo que certains ont instauré au nez et à la barbe de la Commission. Le tout est saupoudré d’un humour toujours bienvenu, qui contraste avec la sévérité ambiante.
Un level-design ingénieux, au service du gameplay millimétré
Le Siège de la Commission fait d’ailleurs office de hub central, ouvrant une porte vers chaque zone que vous visiterez et rendant aisés vos allers-retours. Plus encore, chaque zone en elle-même regorge de raccourcis à activer au fur et à mesure de votre progression ! Death’s Door est un metroidvania : au fil de l’aventure, on y débloque de nouvelles compétences permettant d’accéder à de nouveaux endroits, et ce même dans des zones déjà visitées.
Il faudra revenir ici une fois le sort de feu débloqué : en attendant, impossible d'ouvrir le chemin.
Et force est de constater que l’on prend ici un plaisir infini à tout découvrir, le titre fourmillant de petits éléments cachés. Qu’il s’agisse de temples où l’on récupère des fragments de vie ou de magie, ou encore des objets d’un autre temps à collecter un peu partout, on se surprend à ne jamais se lasser de parcourir tous ces environnements pourtant si dangereux. Un point plus que positif, alors même que le jeu ne propose à aucun moment une carte pour vous repérer : seul l’environnement vous permettra de vous repérer et de retrouver votre chemin au fil de vos péripéties.
En effet, le monde de Death’s Door est pour le moins hostile : avec vos quatre points de vie de départ, vous devrez aborder chaque combat avec précaution, et la roulade pendant laquelle vous êtes invincible sera votre meilleure alliée. Vous pouvez attaquer au corps à corps ou à distance, mais les attaques à distance nécessitent des points de magie que vous ne pouvez recharger qu’en infligeant des dégâts à l’épée. Mémorisation des patterns ennemis et prise de risque viendront alors rythmer vos combats, le jeu parvenant à instaurer un flow certain, sans être toutefois exempt de tout défaut.
La gestion des risques et le sens du timing rythmeront vos combats.
Ainsi, on notera la difficulté de s’extirper d’un recoin une fois bloqué dedans, et l’encaissement d’un coup pourra parfois se montrer frustrant : après avoir pris un coup, vous regarderez vers le bas en vous redressant, ce même si vous regardiez vers le haut avant d’encaisser l’attaque ennemie. On regrettera aussi le manque d’originalité des pouvoirs que l’on débloque au fil de l’aventure : seul le dernier a une utilisation différente et originale, tandis que tous manquent légèrement de précision pour la visée à la manette.
Les boss du jeu sont aussi attachants que doués au combat, et chacun d’eux vous procurera un agréable sentiment d’accomplissement une fois vaincu. Ce qui est d’autant plus vrai pour le boss de fin, dont la mise en scène est tout simplement excellente. On regrettera seulement l’absence de boss ultime pour la « vraie fin », là où Titan Souls proposait lui aussi une « vraie fin » mais avec un boss caché particulièrement corsé.
Sur le sujet de la difficulté, il est important de rétablir la vérité : si Death’s Door semble à première vue s’apparenter à un Souls-like, il est en réalité tout à fait abordable, voire assez simple comparé à d’autres productions du même style. L’articulation ingénieuse des zones résulte en des morts très peu punitives, et de nombreux endroits vous permettent de planter une fleur qui vous redonne tous vos points de vie. Enfin, vous pouvez échanger l’énergie animique récoltée sur les divers ennemis contre des améliorations pour votre personnage, tels que des dégâts plus puissants, une plus grande portée de l’arme de mêlée, une vitesse accrue… Tout ceci rend Death’s Door accessible au plus grand nombre.
Vous pouvez échanger l’énergie animique récoltée contre des améliorations.
Libre d’ailleurs à vous de vous compliquer la tâche comme le propose un succès/trophée du jeu : ne jamais utiliser d’autre arme de mêlée que le parapluie, que vous trouvez au tout début du jeu. Cette arme inflige moitié moins de dégâts, et rend l’expérience de jeu forcément plus complexe, notamment sur les boss. Quoi qu’il en soit, les combats de Death’s Door s’imposent comme un marathon, pas un sprint, et si vous choisissez comme nous de tenter cette restriction, cela ne devrait qu’ajouter quelques morts et quelques heures de jeu au compteur. Il faudra compter environ huit heures pour venir à bout du titre, et une douzaine d’heures en tout et pour tout si vous souhaitez le finir à 100%.
Un univers aussi lugubre que vivant, et constamment grandiose
Nous l’évoquions plus haut, les environnements de Death’s Door alternent entre le lugubre et le coloré. Néanmoins, tous regorgent de vie, à commencer par la présence de nombreux petits ennemis sur votre chemin. Vous marquerez d’ailleurs votre environnement en vous débarrassant d’eux, laissant une petite trace de sang au sol, ce qui est aussi valable pour chaque coup que vous encaisserez. Les plus gros monstres, ainsi que les boss, verront leur corps se couvrir de fissures rougeâtres, indiquant des points de vie de plus en plus bas.
Un ennemi coriace donnera des indices visuels lorsqu’il sera sur le point de mourir. Courage !
Le bestiaire est relativement peu varié en soi, mais les ennemis diversifient leur approche du combat entre corps à corps, magie à distance, etc, de façon à ce que l’on ne ressente jamais de répétitivité. Les diverses animations sont très soignées, et contribuent à livrer un gameplay nerveux et précis à tout moment.
Le travail sonore est impressionnant, avec des musiques qui s’envolent lors des combats, et qui font résonner la splendeur de chaque environnement lors de l’exploration. Le jeu est par ailleurs traduit en français, et on peut souligner une traduction très propre, avec notablement un humour bien transposé dans la langue de Molière.
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