Année après année, Dragon Ball continue de nous accompagner avec nombres d’adaptations vidéoludiques. Après l’excellent Dragon Ball FighterZ qui proposait un focus sur le combat, et deux Xenoverse qui réinventaient l’histoire de la licence, ce Dragon Ball Z : Kakarot propose de redécouvrir l’histoire originale adaptée de la manière la plus fidèle possible, en promettant des éléments de background inédits et canoniques, puisque fournis par Akira Toriyama lui-même ! Développé par CyberConnect 2 et édité par Bandai Namco, et sorti le 17 janvier 2020 sur PS4, PC et Xbox One, le titre avait tout pour s’imposer comme le premier AAA marquant de 2020. Mais adapter fidèlement un manga à l’industrie vidéoludique suffit-il à fournir un bon jeu vidéo ?
L’histoire originale et plus encore
Comme pour la plupart des adaptations vidéoludiques, ce Dragon Ball Z : Kakarot commence avec la saga Saiyan, et propose l’intégralité de l’histoire des guerriers Z : saga Namek, saga Cyborgs, et saga Buu. Le tout est particulièrement bien mis en scène, et le monde ouvert permet de visiter librement l’univers de Dragon Ball, tout en croisant des personnages iconiques. Ainsi, on profite pleinement de la ville ouest, mais aussi de l’île de Tortue Géniale, des terres désolées de Gizard où prend place le premier combat contre Vegeta, des terres sacrées avec la Tour de Karine… Au total, on retrouve plus de vingt lieux différents, et une soixantaine de personnages connus plus ou moins importants, tels que Yajirobe, Nam, Tao Paï Paï, Pilaf et sa bande, etc.
La carte du monde permet de se déplacer de zone en zone, chacune étant à explorer librement.
Premier constat mitigé au niveau des promesses du jeu, en ce qui concerne les ajouts de background : si on apprend effectivement de petits éléments concernant l’univers, force est de constater que c’est au prix de laborieuses quêtes sans grand intérêt, demandant de faire des allers-retours entre les zones, ou d’affronter nombres d’ennemis malgré un bestiaire très peu varié. De plus, il est parfois difficile à croire qu’entre deux événements intenses, nos héros s’arrêtent réellement en chemin pour affronter des robots pirates ou quelques saibaiman qui traînent. La présence d’ennemis est ainsi plutôt exaspérante, puisque non seulement on affronte toujours les mêmes, mais en plus ils peuvent nous prendre en chasse lorsque l’on explore le monde ouvert en étant à la recherche d’un élément précis.
De plus, si l’ensemble profite globalement d’une excellente mise en scène, il est étrange de constater que certains éléments se voient racontés via une banale boîte de dialogue, quand ils n’ont pas tout simplement disparu. Là où le titre donne à voir ce qui concerne le passage de permis ainsi que le base-ball, scènes issues de l’animé, on n’assistera par exemple pas aux fusions ratées de Son Goten et Trunks. Ces disparitions d’éléments sont pour la plupart concentrées dans la saga Buu, qui paradoxalement dispose d’une mise en scène particulièrement soignée lorsqu’on la compare au reste du jeu.
La saga Buu est particulièrement bien mise en scène, avec des effets de caméra et des animations très soignés.
Si les fans de Dragon Ball chercheront sans doute à faire toutes les quêtes proposées par le jeu pour en apprendre le plus possible, nul doute que les autres passeront leur chemin tant les quêtes annexes manquent d’intérêt. Associez à ça les sempiternels temps de chargement à chaque changement de zone, et vous obtenez un réel tue-l’amour pour cet action-RPG : sur les 40h nécessaires à tout parcourir, il faudra compter entre deux et quatre heures de temps de chargement. Mais là où le titre pêche d’autant plus, c’est dans ses éléments de RPG…
Des mécaniques de RPG superficielles
En effet, les différentes itérations de Dragon Ball apportent toujours un certain renouveau à la licence afin d’accrocher le joueur. Ce Dragon Ball Z : Kakarot ne fait pas exception à la règle, et comptait sur sa formule d’action-RPG pour apporter un vent de fraîcheur. Le titre dispose donc de nombreux éléments venant moduler la progression du joueur.
Le monde ouvert est rempli d’orbes et d’éléments à collecter, en plus d’ennemis vous prenant en chasse un peu partout.
Le niveau d’un personnage définira donc de façon classique ses statistiques, mais chacun pourra compter sur un arbre de compétences à déverrouiller selon trois facteurs : la progression dans l’histoire, l’acquisition de techniques lors d’entraînements dédiés, et la possession d’orbes Z. Ces orbes sont disséminés un peu partout dans le monde ouvert, et on en obtient aussi à la fin des combats.
De plus, il est possible d’en obtenir un grand nombre en invoquant Shenron après avoir réuni les Dragon Ball, de la même manière que l’on peut formuler un vœu faisant acquérir un nombre important de Zénis, la monnaie locale. Difficile alors de ne pas relever le peu d’intérêt de ces orbes dans le monde ouvert, puisqu’il est tout à fait possible d’en obtenir suffisamment en se contentant de faire les combats liés à l’histoire. De même, il est très facultatif de passer par la case entraînement pour obtenir de nouvelles techniques, puisque celles détenues de base par les personnages suffisent largement aux exigences des combats.
Chaque personnage a son arbre de compétence, nécessitant d’avancer dans l’histoire et de s’entraîner afin de débloquer des améliorations, moyennant des orbes Z.
D’autant que ces entraînements spéciaux nécessitent de dépenser des Médailles D, autres collectables disséminés çà et là dans les différentes zones. Enfin, vous pourrez collecter des souvenirs, alimentant l’Encyclopédie Z, une sorte de bible contenant tout ce qu’il y a à savoir sur l’univers de Dragon Ball (incluant l’enfance de Goku).
Les rencontres avec de nouveaux personnages permettent quant à elles d’obtenir des emblèmes, servant à alimenter le Tableau Communautaire : il s’agit de différents plateaux où l’on place des emblèmes de personnages selon leurs spécialités (le combat, la cuisine, etc), et résultant en des bonus plus ou moins forts selon les combinaisons de personnages sur les différents plateaux. Là encore, le tout est relativement facultatif, puisque les bonus obtenus influent peu sur le déroulement du jeu. D’autant que la gestion des emblèmes demande de passer beaucoup de temps dans les menus, de la même façon que pour l’attribution des techniques à chaque personnage.
Les tableaux communautaires vous font placer des emblèmes d’âmes à l’effigie de personnages connus, afin d’obtenir différents bonus.
La pauvreté de ces composantes RPG aurait été moins choquante si le système de combat se suffisait à lui-même. Malheureusement, là encore, il y a des choses à dire…
Un gameplay techniquement daté
Disposant d’une palette de coups que vous aurez attribués aux différentes combinaisons possibles, on a très vite fait le tour de la logique des combat telle que proposée par Dragon Ball Z : Kakarot. Chaque coup entame un peu plus une jauge d’étourdissement, et une fois un ennemi étourdi, vous lui effectuez de lourds dégâts sans qu’il puisse se défendre en parant ou en esquivant.
Vous disposez parfois d’un groupe, soit le personnage que vous contrôlez accompagné d’un ou deux personnages en soutien, dont vous pouvez demander une attaque spéciale régulièrement. Lorsqu’une jauge spéciale est chargée pour tous les personnages de votre groupe, il est possible de déclencher un combo Z dévastateur. Enfin, vous disposez de plusieurs effets passifs, attribués en même temps que vos techniques spéciales, qui influent plus ou moins sur l’efficacité de vos assauts.
Les combats sont légions dans Dragon Ball Z : Kakarot, mais peu d’entre eux donnent une sensation de puissance.
Malheureusement, l’IA fonctionne toujours de la même façon, et les nombreuses possibilités offertes par le jeu en termes de panel d’attaques finissent par être utilisées toujours de la même façon. A aucun moment Dragon Ball Z : Kakarot ne vous fait ressentir une sensation de flow, mais plutôt un devoir d’optimisation en réponse aux contraintes techniques que vous affrontez. Les soutiens, par exemple, lancent leur attaque spéciale dès que vous le demandez, sans s’adapter aux potentiels mouvements de l’ennemi ou aux coups que vous êtes vous-même en train de lui porter.
L’ennemi, quant à lui, finira par se dégager d’une de vos séries de coups, charger une attaque spéciale ou une attaque brise-garde qu’il faudra esquiver ou encaisser en se protégeant. Et enfin, il finira par lancer une attaque kikoha, qu’il faudra esquiver avant de lancer la vôtre pour que chaque vague de cette attaque fasse mouche. Parfois votre attaque kikoha et celle de l’ennemi feront l’objet d’un duel d’énergie où il faudra marteler une touche pour prendre le dessus. De même, il faut parfois contrer une énorme attaque en assénant un grand nombre de coups avant qu’elle ne soit déclenchée.
L’encyclopédie Z contient tout ce qu’il y a à savoir sur l’univers de Dragon Ball Z, et contient par exemple des schémas des relations entre les protagonistes, arc après arc.
Seuls quelques combats font vraiment ressentir une sensation de puissance, dont les trois quarts sont concentrés sur l’arc final de Buu. Il s’agit généralement des combats où l’on incarne pour la première fois une nouvelle transformation : Super Saiyan, Super Saiyan 2, 3, ainsi que la forme « Puissance libérée » de Gohan, et enfin l’incarnation de Gotenks et Vegeto. Comparé au nombre de combats que vous êtes destiné à faire si vous souhaitez parcourir la totalité du jeu, c’est peu, et c’est surtout dommage.
Une adaptation qui manque de caractère
Malheureusement, ce qui fait tant défaut à ce Dragon Ball Z : Kakarot, c’est son ambition d’adaptation la plus fidèle et complète. A comprendre que malgré tous ses défauts, le titre se laisse parcourir à petite dose, et dispose de quelques atouts. Le design léché des personnages, au sein de l’univers coloré et rempli d’éléments qui raviront les fans, ainsi que les animations en combat et le soin apporté aux cinématiques, sont tant de petites choses qui ne manquent pas de secouer les afficionados de la licence culte. Graphiquement, seules les textures font tâches, puisqu’elles sont assez pauvres. L’OST, elle, contient des musiques originales parfois réinterprétées.
Mais au-delà de ces maigres éléments satisfaisants, le titre est sans cesse tiré vers le bas par sa pauvreté technique, avec une IA à la traîne, une caméra qui fait des siennes, des menus manquant d’ergonomie, et des temps de chargement à n’en plus finir. De quoi user au fil des 40h de jeu.
Le chara-design est soigné, mais les textures des environnements sont très pauvres.
Devant le peu d’utilité des composantes RPG, on ne peut que regretter l’ambition de Dragon Ball Z : Kakarot. Avec sa formule A-RPG bancale et son gameplay en-deçà des Xenoverse l’ayant précédé, le titre n’a au final pour lui que le fait d’être une adaptation fidèle, et pas des meilleures, avec un tout petit peu de contenu inédit disséminé çà et là. Se pose alors la question de la nature même d’adaptation en jeu vidéo : se confiner à retranscrire une histoire le plus fidèlement possible suffit-il à produire une bonne adaptation ? Ou au contraire, est-ce que le fait de jouer avec le background d’une licence déjà culte afin de proposer quelque chose de tout nouveau, à la façon des Dragon Ball Xenoverse, ne permettrait pas d’atteindre quelque chose de plus amusant ?
Nul doute que la licence Dragon Ball continuera à se décliner en de multiples approches vidéoludiques, et que viendra un jour un titre alliant fidélité à l’œuvre originale, avec un gameplay rafraîchissant et efficace. S’il ne se montre pas à la hauteur de ses promesses, Dragon Ball Z : Kakarot a tout de même le mérite de montrer la voie, tout en incarnant nombre d’erreurs à ne pas reproduire dans les prochaines formules.
Les Dragon Ball sont évidemment de la partie, et les collecter vous permettra de ré-affronter d’anciens ennemis, ou de demander divers bonus tels que des orbes Z, des zénis, ou encore des objets rares.
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